Albert Kokolomani Odimba, auteur du livre « des toges préjudiciables aux justiciables » a présenté le dimanche 3 juillet à Goma, en province du Nord-Kivu, son ouvrage qui aborde et dénonce les différents maux qui rongent le système judiciaire congolais.
Albert Kokolomani Odimba, cet écrivain et avocat au Barreau de Kisangani a peint la situation du système judiciaire afin d’empêcher que la justice acquise au prix du sang de Lumumba ne se défasse.
Définissant l’état de droit, il déclare que ce concept n’est utilisé que comme aguiche par la mouvance présidentielle. L’état de droit, écrit-il, ne signifie pas organiser des procès.
« L’État de droit désigne un État dans lequel les citoyens n’ont pas de compte à rendre aux individus ou aux institutions, mais à la loi, peu importe leur rang. Qu’ils soient praticiens ou plébéiens, l’obéissance à la loi leur est de commune mesure », a-t-il expliqué.
Pour lui, l’État de droit n’est pas possible en RDC à cause des attitudes et comportements de certains hommes en toge notamment les magistrats, avocats, défenseurs judiciaires et professeurs de droit « qui rançonnent, racolent, escroquent et inventent des lois et théories incongrues qui ne servent qu’à étouffer le pouvoir judiciaire au profit des sadiques ».
« En écrivant ce livre, je m’attends à ce que les choses changent, que la justice devienne une vraie justice, que l’on ne dise plus le droit politique mais le droit de la justice comme on le dit dans le langage courant », a déclaré Albert Kokolomami.
Parmi les nombreuses propositions faites dans son livre, il y a la suppression du corps des défenseurs judiciaires. Pour lui, « ce corps dédié aux gens ayant reçu une formation juridique élémentaire regorge aujourd’hui majoritairement des licenciés en droit et n’a plus sa raison d’être. Il écrit qu’ils sont licenciés en droit et éligibles au barreau mais ne peuvent pas s’y inscrire parce qu’au barreau, la rigueur de la loi n’épargne personne. Ils choisissent d’être défenseurs judiciaires pour polluer l’espace judiciaire tels des ovnis en toute impunité ».
« Il faut le dire, en RDC, l’accès à la justice est un grand défi pour la grande majorité de la population, à tel point qu’il figure parmi les priorités absolues du Président de la République, Félix Tshisekedi.
Le problème n’est pas le manque de textes qui peuvent garantir la justice. Il réside dans les distorsions de l’application de la loi. Par ailleurs, certaines personnes puissantes exercent une pression sur la justice notamment en empêchant l’exécution de certaines décisions judiciaires en en influençant l’orientation des verdicts.
La corruption ayant gangrené tous les secteurs de la vie nationale, la justice n’est pas épargnée par ce fléau. Cette situation qui dure pendant plusieurs années est devenue presque une fatalité pour la population à tel point que les membres des communautés locales sont convaincus que pour avoir droit à la justice et gagner un procès, il faut l’acheter auprès des réseaux des magistrats ou d’hommes influents.
C’est ainsi que le plus souvent on constate que beaucoup de membres des communautés de base ont peur à l’idée même de se présenter devant la justice parce qu’ils ne font pas confiance au système judiciaire et parce qu’ils n’ont pas de moyens pour « acheter » des procès.
CP