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4 janvier 1959 – 4 janvier 2023 : Vivement la construction d’un mémorial en hommage aux héros inconnus ( Tribune)

4 janvier 1959 – 4 janvier 2023. 64 ans déjà depuis les émeutes qui ont joué un rôle catalyseur dans la marche de la République démocratique du Congo vers son Indépendance. 

Pourquoi cette date si significative n’est pas tant célébrée par les congolais ? Pourquoi aucune manifestation officielle n’est organisée  en hommage à ce jour depuis toujours ? Pourquoi la date du 4 janvier n’a-t-elle pas une symbolique proportionnelle à celle du 30 juin 1960 aux jeux des congolais ? Est-ce une méconnaissance de l’histoire ou une volonté délibérée de mettre en veilleuse cette noble date ? Poser des questions, c’est  y répondre, dit-on. 

« Celui qui reste indifférent à l’histoire est comme privé d’ouïe ou de visage. Assurément, il peut vivre ainsi, mais qu’est-ce qu’une telle vie ! », s’exclamait non sans raison Adolphe Hitler.

Une petite diachronie de l’histoire politique de la RDC suffit pour se rendre compte que la date du 4 janvier 1959 est toute aussi importante que celle du 30 juin 1960. Sinon, la seconde est la résultante de la première.  

Tels les maillons d’une chaîne, le 4 janvier a joué un rôle important dans l’accélération du processus dont l’aboutissement est  l’indépendance de la RDC couronnée le 30 juin 1960. Donc le 30 juin 1960 est la célébration de l’aboutissement d’une série de manifestations, mieux de combats d’un peuple pour son autodétermination dont la journée du 4 janvier est un moment déterminant.

Cette journée ordinaire, qui s’est révélée par la suite historique, en ce qu’elle a vu des congolais payer de leurs vies pour l’indépendance de leur pays, devrait, en plus du fait d’être érigée en jour férié, être une journée où des activités officielles seraient organisées dans toutes les provinces du pays pour plusieurs raisons.

La première est symbolico-historique. Le 4 janvier devrait être une journée où le pays entier célébrerait ses héros et hérauts qui ont jeté les bases de ce que l’on peut appeler aujourd’hui le Congo indépendant et résolument engagé vers son épanouissement et son développement durable.

Le 4 janvier devrait aussi être une journée de réappropriation idéologique, consistant à sensibiliser les jeunes en priorité à l’importance de puiser la force dans le sang des victimes de cette date afin de mener courageusement le combat perpétuel pour la sauvegarde  de « l’auto-determination de la RDC » comme un État souverain chèrement acquise. C’est dire toute l’importance de réarmement moral de la jeunesse congolaise afin de réactiver son attention face au danger permanent de  » balkanisation » de son pays.

Le 4 janvier devrait en outre être une journée où les scientifiques devraient réfléchir à fond sur le caractère chimérique ou réel de l’indépendance pour laquelle des milliers de congolais ont versé le sang. Des conférences scientifiques et rencontres d’échanges à ce sujet devraient se tenir en cette date dans les écoles et universités.

Hélas ! Malheur aux congolais si l’on constate que, 64 ans après, les enfants dans les rues de Kinshasa et d’autres villes du pays ont encore du mal à dire clairement ce que représente la date du 4 janvier pour leur pays .  Pourtant, c’est cette histoire là qui devrait être enseignée à l’école, dans les universités, les instituts supérieurs, les églises et dans d’autres cercles d’influence. Pas celle de Jeanne d’Arc ou d’Alexis de Tocqueville.  Mais l’histoire de Lumumba, de Kimpa Vita, de Kasavubu, de Mobutu, de Mzee Laurent Désiré Kabila, de la journée du 4 janvier 1959 et pourquoi pas de celle de l’alternance pacifique et démocratique entre Joseph Kabila et Félix-Antoine Tshisekedi ?

Il est temps que les congolais construisent leurs mythes fondateurs et développementalistes, leurs légendes et leurs égrégores, base du développement des peuples. Et cela passe par la fouille systématique dans  l’histoire en vue de sa réhabilitation toute aussi systématique.

C’est à ce moment-là que tout le pays sera rempli des monuments et autres manifestations culturelles qui seront des expressions de son histoire de l’époque précoloniale à ce jour. Vivement la réhabilitation et la construction, dans différents carrefours des grandes villes du pays, des monuments qui retracent l’histoire de la RDC et l’érection d’une stèle, mieux d’un mémorial en hommage à toutes les victimes du 4 janvier 1959. C’est cela aussi de la justice transitionnelle tant réclamée par la société civile.

Retour sur la date du 4 janvier

Le 4 janvier 1959, Kinshasa, appelé alors Léopoldville, connait des émeutes qui éclatent après que les autorités coloniales aient interdit aux membres du parti politique Alliance des Bakongo ( ABAKO) de manifester. Cette révolte populaire va durer trois jours. La répression est très violente. Le bilan officiel est de quarante-neuf morts.  Ce qui était faux car, en réalité, des centaines de congolais ont trouvé la mort durant ces échauffourées.

Tout est donc parti de l’annulation de ce meeting de l’Alliance des Bakongo (Abako), le parti du feu président Joseph Kasa-Vubu, le premier président de la République démocratique du Congo (RDC).

L’ABAKO voulait rassembler ses partisans pour leur rendre compte du congrès d’Accra au Ghana. Des centaines de délégués africains ont pris part à ce forum autour des thèmes d’indépendance et d’unité de l’Afrique. Les participants revendiquaient le leadership panafricain. L’ABAKO était représenté par Gaston Diomi, étant donné que Kasa-Vubu n’était pas autorisé à partir.

L’ABAKO a informé le bourgmestre de la ville, le 30 décembre 1958, sur la tenue de son meeting. Cette formation politique tenait à organiser cette rencontre le 4 janvier 1959 à la place YMCA,  après celle de Patrice Emery Lumumba tenue quelques jours auparavant.

Le bourgmestre a répondu le même jour mais le parti de Kasa-Vubu ne va recevoir la lettre que le 3 janvier 1959. « Si c’est une réunion privée, nous ne faisons pas objection, mais elle n’a pas le caractère privé qu’elle semble avoir, vous êtes responsables de tout ce qui pourrait arriver et vous devez le savoir », pouvait-on lire dans la lettre de l’autorité administrative municipale qui était une façon de refuser la tenue de cette manifestation.

Kasa-Vubu est venu à l’YMCA pour disperser ses partisans, en leur disant que le meeting était annulé. Au même moment, un administrateur belge est venu sur place et sa présence a suscité la curiosité des membres de l’ABAKO qui lui ont demandé ce qu’il faisait sur le lieu.

L’administrateur belge leur a répondu que le meeting n’était pas interdit et qu’il a été envoyé pour assister à la réunion annoncée au bourgmestre. Le message a vite circulé et la foule s’est de nouveau rassemblée.

Ce qui a le plus irrité la foule est la présence d’autres commissaires belges qui sont venus passer voir ce qui s’y  passait. Voulant se debasser des manifestants qui les entouraient de plus en plus, un des commissaires belges a tiré en l’air et le bruit a circulé qu’on tuait les noirs. Du coup, les émeutes ont éclaté. Le côlon a ouvert le feu et occasionné la mort de centaines de congolais. Un bain de sang, associé à d’autres pressions connexes, qui a inévitablement poussé la Belgique a accordé une indépendance à la RDC le 30 juin 1960. 

Somme toute, la date du 4 janvier 1959 est directement liée à celle du 30 juin 1960. La seconde étant même la conséquence de la première.

Orly-Darel NGIAMBUKULU, CP

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