Depuis plusieurs mois, l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo et l’actuel Ministre des Finances, Nicolas Kazadi se sont lancés dans un combat sans merci.
Ces deux économistes sont à couteaux tirés au sujet du paiement de quatre études réalisées par le cabinet de Matata Ponyo, en faveur du gouvernement congolais pour l’obtention d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD).
En effet, l’ancien premier ministre réclame des créances de 1,9 millions USD en faveur du bureau d’études Congo Challenge qui, d’après lui, a réalisé quatre études en rapport avec la mobilisation des recettes publiques, la diversification de l’économie et le renforcement du secteur privé, sans oublier l’impact de covid-19 sur le secteur minier et le plan quinquennal de transport. Pour Nicolas Kazadi, les éléments contenus dans lesdites études étaient essentiellement théoriques sans réponse aux besoins réels et urgents relatifs à la mobilisation des recettes.
La réponse du berger à la bergère, Matata Ponyo a accusé à son tour le cabinet de Nicolas Kazadi de lui avoir demandé de payer 20% de rétrocommission pour obtenir le paiement des études réalisées par son cabinet au profit du gouvernement. Chose qu’il aurait refusée car, selon lui, cela n’est pas conforme à son éthique et à ses exigences professionnelles.
Ces allégations ont exacerbé ce membre du gouvernement de Sama Lukonde au point de sommer ce dernier à prouver ses allégations dans le délai de 72 heures sans quoi, une plainte sera déposée contre lui pour injures publiques, imputations dommageables, outrages envers les autorités publiques et propagation des faux bruits, compte tenu de la flagrance et la gravité de ses déclarations tant sur la réputation que sur l’image non seulement du ministère des Finances mais aussi et surtout de tous les services publics.
Matata Ponyo aussi, de son côté, ne décolère pas. Il qualifie son collègue économiste d’un lâche en envoyant son directeur de cabinet répondre à ses allégations. Il dit être «même surpris des menaces d’être traduit en justice faites par ce dernier». Il se questionne sur comment celui qui détourne les fonds peut traduire en justice la victime du détournement? «Quel type de gouvernance!», s’est-il exclamé.
D’aucuns s’interrogent pour savoir jusqu’où iront ces deux économistes qui commencent à exhumer même les anciens dossiers à l’instar d’une aide que Matata aurait assistée à Nicolas Kazadi pendant qu’il était au PNUD.
Matata affirme qu’à ce jour, «toute la population congolaise est au courant de l’objectif ultime du pouvoir en place, celui d’éliminer à tout prix un candidat Président de la République. Après les deux affaires infructueuses de Bukanga Lonzo et de Biens zairianisés montées de toute pièce, vous voulez en créer d’autres».
Les vrais enjeux de cette guerre froide ne sont perceptibles aux yeux de commun des mortels dès lors qu’on sait que ces deux économistes sont à la quête d’une crédibilité au sein de la Banque africaine de développement.
Dostin Eugène LUANGE