L’économiste Jean-Paul K. Tsasa remet en cause l’affirmation faite par l’Inspection Générale des Finances (IGF) selon laquelle la paie imminente des fonctionnaires n’affectera pas la dynamique du taux de change.
Dans une tribune publiée ce mercredi 2 août, consultée par DosECo.cd, ce professeur d’économie explique que cette affirmation « n’est pas empiriquement soutenable dans le contexte spécifique de la RDC ».
Preuves à l’appui, il soutient que l’économie congolaise est largement dollarisée et est tributaire des importations pour répondre à la demande intérieure. Ce qui veut dire, explique-t-il, qu’une part significative du salaire des fonctionnaires est consacrée à la consommation des biens et services.
« En réalité, même si les fonctionnaires sont payés en CDF, lorsque ces revenus sont utilisés pour la consommation cela entraîne une augmentation de la demande de biens et de services. En réponse à cette pression de la demande, l’économie s’ajustera soit par une augmentation des prix (provoquant une inflation), soit par une augmentation de la quantité de biens offerts (nécessité d’augmenter les importations) », a fait savoir cet expert.
Pour importer, Jean Paul K. Tsasa fait savoir que les devises étrangères doivent être acquises, ce qui affectera d’office à son tour le taux de change. Il rappelle que dans la réalité, l’économie fonctionne davantage comme un système d’équilibre général, plutôt que comme un modèle marshallien simplifié.
D’où, il pense que cette assertion invite à la prudence lorsqu’il s’agit d’examiner l’incidence des opérations réalisées par les agents économiques sur les fondamentaux de l’économie.
« L’assertion d’après laquelle « les fonctionnaires de l’État ne sont pas demandeurs de devises » n’implique pas nécessairement que leurs transactions n’auront pas d’impact sur le marché des changes. De plus, nous ne devons pas ignorer l’effet d’hystérèse dans notre lecture des faits, car il existe toujours un décalage temporel entre une annonce et sa répercussion sur le comportement des agents économiques. Par exemple, la persistance de la dollarisation
en est une illustration en dépit d’énormes efforts de la banque centrale », a déclaré cet économiste.
In fine, Jean Paul-Tsasa estime qu’il est crucial de noter que l’efficacité de l’annonce concernant l’appréciation progressive du Franc Congolais est étroitement liée à la crédibilité de la Banque Centrale. Il est donc impératif que les politiques mises en œuvre soient crédibles et bénéficient d’une large confiance pour assurer leur efficacité optimale à terme.
Dans un communiqué publié mardi 1 août 2023, l’IGF a annoncé que la paie imminente des fonctionnaires ne va pas influer sur le taux de change du fait que les fonctionnaires de l’Etat ne sont pas demandeurs de devises.
Dostin Eugène LUANGE