Paraphrasant le Professeur Kenyais Ali Mazroui, je dirai que la RDC en particulier (et l’Afrique en général) produit ce qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas, accentuant ainsi sa dépendance et sa vulnérabilité. Ce qui est tout simplement inacceptable au regard des potentialités du pays. Avec sa petite base productive, un secteur manufacturier embryonnaire (environ 10% du PIB), la RDC produit peu, transforme peu, exporte peu, et importe plus, d’où le déficit chronique de sa balance commerciale.
Le combat doit commencer par inverser la tendance : organiser et élargir la base productive, développer la culture des produits à exporter. Le réalisme nous oblige et nous impose d’être sérieux; de faire de choix de secteurs et de produits stratégiques tels le cobalt, coltan, cuivre, lithium, etc. (pour les mines); café, thé, haricots, huile de palme, riz, maïs, manioc, etc. (pour l’agriculture), télécom, e-commerce, tourisme, banques, assurances et transport, etc. (pour les services).
Et ensuite d’organiser leur production, transformation, transport et distribution… par des politiques globales et sectorielles cohérentes en développant ou en se greffant sur des chaînes globales/régionales de valeurs et de logistiques des transports/distributions. Il y’a certes des préalables : rétablir la paix et la sécurité; investir dans le «soft » – éducation, santé, bonne gouvernance, refonte et réforme de l’administration, etc.; et investir dans le « hard » – infrastructures: énergies, network des transports (routes, rails, ports, airports, etc.), éducation, santé, sport, tourisme, etc.
Tout ceci devrait être coulé dans un plan global pluriannuel décliné dans des plans sectoriels pluriannuels avec des objectifs quantifiables et vérifiables (mesurables); des instruments actionnables; et des mécanismes de financement appropriés et innovants.
Pour transformer la RDC, pour son émergence et son développement, il y’a lieu de réfléchir autrement… L’Etat doit devenir stratège et s’approprier de l’intelligence économique. L’Etat ne doit pas être émasculé, il doit être renforcé aux fins de bien orienter et mieux accompagner le secteur privé, voire même le créer. Osons oser! C’est possible, c’est faisable.
Faustin Luanga, titulaire d’un doctorat en Sciences Économiques de l’Université de Nagoya au Japon, et haut fonctionnaire de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC)