La nomination d’une femme à la tête de l’exécutif national a suscité un intéressant débat de société quant aux capacités, ou au potentiel, dont jouirait la femme congolaise pour assurer un avenir meilleur à la République démocratique du Congo. La femme ne peut pas bâtir une nation (“Mwasi atongaka mboka te“, en lingala), tel était – et est encore – la base de la discussion pour nombre de ceux qui sont intervenus dans ce débat à travers les réseaux sociaux.
Misogynie, sexisme et autres postures rétrogrades à propos du regard constructeur à poser sur la femme, se sont mêlés à la vraie analyse visant à savoir si la RDC dispose d’un personnel féminin suffisamment compétent et expert pour la conduite des affaires de l’Etat. Déjà le pedigree de Judith SUMINWA TULUKA a été passé au peigne fin, non seulement pour savoir si elle a les aptitudes intellectuelles (les fameux diplômes) et les capacités professionnelles comme prérequis pour ces hautes fonctions.
Il a fallu même passer par des témoignages de certains de ses anciens collègues, voire même celui du tout dernier Premier ministre qui vient d’être son patron, pour jauger de ses qualités. Toutes les présomptions requises la concernant ont fini par être réunies et, sauf mauvaise foi manifeste, tout le monde attend désormais de voir la Première ministre à l’œuvre pour la juger. Ce qui est sure, c’est que cette attente ne sera pas la même, en termes de posture, pour ce qui la concerne par rapport à ce qu’elle aurait pu être s’agissant d’un homme.
Un fait est, cependant, que , même si c’est la première fois que le pays compte une femme à la primature, l’histoire des institutions en RDC garde des traces d’une présence plutôt active de la femme aux commandes de plusieurs secteurs de l’appareil de l’Etat. Par exemple, la femme n’est plus à rechercher dans la territoriale qu’elle connaît depuis la dure époque mobutiste avec des dames de poigne comme Catherine Nzuzi wa Mbombo ou Nkoyi Mafuta qui ont inspiré plusieurs vaillantes femme jusqu’à ce jour, au point que la territoriale n’a plus de secret pour la gent féminine.
On n’en dirait pas moins pour les entreprises publiques où la femme a déjà fait ses lettres de noblesse, notamment en battant les records de longévités à la tête de certaines unités du portefeuille de l’Etat.
Cette énumération peut se poursuivre à n’en point finir, et ne saura occulter l’historique arrivée d’une femme à la tête de l’Assemblée nationale ; une position qui fait de son occupant le numéro 2 de la République après le Président de la République.
Ces indications suffisent pour assurer, sans crainte d’être démenti, que la RDC dispose d’un personnel politique féminin suffisamment rodé en matière de gestion des institutions. Des femmes de poigne qui se sont déjà retrouvées dans tous les secteurs de la vie nationale et les ont gérés sans complexe. Aujourd’hui encore, et à titre purement illustratif, on connaît une Carole Agito Amela, Questeure exceptionnel de la chambre haute du parlement, une Eve Bazaïba au Plan où elle conduit l’important combat « RDC pays solution » dans la bataille du climat.
Ou encore la Gouverneure de la Banque centrale qui a signé la démystification du secteur bancaire où plusieurs femmes congolaises ont bâti leur réputation et épaissi leurs CV, comme Jeanine Mabunda en son temps à la très sérieuse City Bank.
Les femmes ont déjà eu à être ministres du Plan, de l’Economie, des Affaires étrangères, de l’Enseignement supérieur, de la justice, du Portefeuille, de l’Environnement, etc., et même, pour la toute Première fois récemment, Ministre près le Président de la République.
La perspective du nouveau Gouvernement ne devrait donc pas s’envisager sans l’apport de la femme au regard de ce personnel politique plutôt alléchant. Des femmes de courage qui se sont battues vaillamment lors des dernières joutes électorales.
Yves Abdallah, CP