L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et la Ligue Congolaise de Lutte contre la Corruption (LICOCO) appellent à la révision du contrat de construction et d’exploitation du grand marché de Kinshasa, conclu le 21 mars 2021 entre la société SOGEMA, qui n’a apporté aucun financement propre, et la ville province de Kinshasa sous la férule du gouverneur Gentiny Ngobila.
Dans un communiqué conjoint publié ce vendredi 10 mai 2024, ces deux organisations de la société civile constatent des irrégularités dans ce contrat, affirmant qu’il lèse les intérêts de la ville de Kinshasa et de ses 12 millions d’habitants. Ils soulignent que la gestion du marché central est exclusivement confiée à SOGEMA Sarl pour une durée de 25 ans, avec un allègement fiscal de 15 % sur les bénéfices réalisés, justifiant des exonérations.
Le coût des travaux, estimé à plus de 44 millions de dollars, serait entièrement couvert par un emprunt contracté par SOGEMA Sarl auprès de la SOFIBANQUE, avec la garantie de remboursement entièrement assurée par la Ville de Kinshasa.
Selon l’ODEP et la LICOCO, ce contrat est qualifié de « léonin » car il favorise énormément SOGEMA sans que cette dernière n’apporte de financement ni ne prenne de risque financier, laissant la ville de Kinshasa garantir les emprunts. Ils estiment que la ville aurait pu contracter directement avec la SOFIBANQUE pour réaliser l’investissement sans l’intermédiation de SOGEMA, et soulignent que le coût des travaux est en constante évolution, le coût final restant inconnu à ce jour.
Un autre constat concerne l’abandon total du suivi et du contrôle des travaux à SOGEMA, avec la neutralisation du bureau technique et du comité de suivi du projet. De plus, des clauses de l’accord tripartite de financement entre SOGEMA, la SOFIBANQUE et la ville de Kinshasa sont critiquées pour léser les intérêts de la ville.
L’ODEP et la LICOCO dénoncent l’incompétence des pouvoirs publics en matière de planification, de programmation, de budgétisation et de suivi-évaluation des investissements, ainsi que l’opacité favorisant la corruption au sein de la classe politique congolaise.
En conclusion, ils demandent une replanification et une correction du projet, ainsi que la révision du contrat en cours entre SOGEMA et la ville de Kinshasa afin de rééquilibrer les avantages entre les deux parties, pour le bien de la ville et de ses habitants.
Dostin Eugène LUANGE