Convoqué par la police judiciaire des parquets, Mills Tshibangu a dénoncé lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 2 juillet 2024 à Kinshasa, l’instrumentalisation de la justice, en rejetant les rumeurs selon lesquelles il aurait pris la fuite.
Il a exprimé sa volonté de faire face aux accusations portées contre lui.
« Je voudrais vous confirmer que je suis bien portant et que je suis chez moi. Je n’ai pas fui et je n’ai même pas l’intention de le faire, car personne ne me fera fuir de ce pays. Je suis Congolais de père et de mère. Au moment où nous parlons, j’aurais dû être à l’aéroport de Ndjili en train de prendre l’avion pour l’intérieur du pays. J’ai annulé le vol et je vais aller répondre à cette invitation. Pourquoi suis-je convoqué ? Est-ce en rapport avec mon documentaire ? On a dit que je suis prétendument un escroc. Aujourd’hui, je vais demander ceci : si ce que j’ai déclaré dans mon documentaire est faux, portez plainte et que la justice nous juge en faisant appel à des témoins. J’ai fourni des preuves. Apportez des preuves contraires. C’est de l’intimidation. La justice ne tend pas de piège à une personne », a-t-il déclaré.
Face à l’invitation publiée sur les réseaux sociaux avant même qu’il ne soit notifié, le journaliste a dénoncé des manœuvres visant à le réduire au silence.
« Il y a deux ou trois mois, j’étais devant le Parquet. Où était cet homme d’affaires ? Il n’est apparu que maintenant après la diffusion de mon documentaire pour me dénoncer ? Ils ont pris quelqu’un qu’ils ont manipulé, l’ont invité, lui ont donné de l’argent et lui ont demandé de porter plainte. Ils ont contacté l’inspecteur, lui ont donné de l’argent probablement et une fois leur scénario ficelé, ils ont pris des photos de l’invitation et les ont diffusées sur les réseaux sociaux. Dans quel pays a-t-on déjà vu une telle situation ? Est-ce qu’un inspecteur judiciaire, qu’on appelle, à qui on dicte les mots, convoque quelqu’un, publie l’invitation sur les réseaux sociaux sans en informer l’intéressé ? Tout le monde est au courant que je suis convoqué avant même moi », a regretté M. Tshibangu.
Interrogé sur le motif de sa convocation par la justice, il a affirmé avec force qu’il n’a peur, peu importe la raison, et qu’il est prêt à défendre ses arguments, car personne n’aura sa tête.
« En tant que journaliste d’investigation, et je m’excuse si cela peut sembler de l’orgueil, je ne sais pas s’il y a un journaliste congolais qui a mené des investigations qui ont porté les fruits et qui ont aidé notre pays comme moi. Par le passé, je suis allé à Kahemba. J’ai contribué à éviter une guerre entre la RDC et l’Angola. Cela a même été débattu au Parlement. À l’époque, j’étais très jeune. Je reviens du Katanga, j’ai réalisé des investigations dans le secteur minier. J’ai aidé la RDC à récupérer son lithium grâce à mon documentaire et à mes enquêtes. Même si vous apprenez que je meurs, sachez que je ressusciterai. Personne n’aura ma tête. Je suis chrétien. Joseph était en prison puis est devenu premier ministre. Kabund est à Makala, est-il mort ? Pensez-vous que nous devrions avoir peur de quoi que ce soit ? Je n’ai pas peur des intimidations. Si ma tête est toujours sur mes épaules, c’est parce que Dieu existe. Vous le savez tous ici, sans Dieu, je serais mort. À l’époque, je n’étais rien, j’étais un enfant. Ils ont tout essayé, mais n’ont pas réussi à m’atteindre », a-t-il ajouté.
Il est à noter que cette convocation de la police judiciaire des parquets intervient quelques jours après la diffusion d’un documentaire réalisé par M. Tshibangu mettant en cause l’inspecteur-chef de service de l’IGF, Jules Alingete, dans des affaires de corruption.