Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu, le mercredi 3 juillet 2024, la consultation au titre de l’Article IV et achevé la sixième et dernière revue de l’accord au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) pour la République Démocratique du Congo.
Cette ultime revue a permis un décaissement immédiat de 152,2 millions de DTS (environ 224,7 millions de dollars) pour soutenir les besoins de balance des paiements, portant le total des décaissements à ce jour à 1 066 millions de DTS (environ 1 573,8 millions de dollars).
Selon cette institution de Bretton Woods, depuis la dernière consultation de l’Article IV, l’environnement macroéconomique de la RDC est demeuré difficile, la crise sécuritaire et humanitaire dans l’Est du pays s’étant aggravée.
Dans ce contexte, poursuit le FMI dans un communiqué consulté par DosEco.cd, les autorités ont maintenu une politique macroéconomique prudente et progressent dans la mobilisation des recettes domestiques qui demeurent sensibles aux fluctuations des cours internationaux des matières premières.
Le maintien du non-recours au financement monétaire, un des ancrages-clés du programme, représente une réalisation significative du programme. Par ailleurs, la RDC demeure à risque modéré de surendettement extérieur et global. Cependant, les réformes de la gestion des finances publiques ont progressé plus lentement que prévu et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour rationaliser l’affectation des recettes aux comptes spéciaux dans le budget et pour renforcer le respect de la chaîne des dépenses et la gestion de trésorerie. L’accumulation des réserves de change a largement dépassé les prévisions ; cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer les cadres de politique monétaire et de taux de change.
La croissance réelle du PIB est estimée à 8,4 % pour 2023, soutenue par la forte croissance du secteur minier. L’inflation est restée élevée, atteignant 23,8 % à la fin de 2023, avant de diminuer progressivement à 21,2 % fin mai 2024. Avec des dépenses plus élevées pour les élections et la sécurité, le déficit budgétaire intérieur de 2023 a dépassé les prévisions et a atteint 1,3 % du PIB, malgré de bonnes performances des recettes au dernier trimestre de 2023. Les réserves internationales ont continué de se renforcer, atteignant près de 5,5 milliards de dollars, soit environ deux mois d’importations à la fin de 2023.
Pour la sixième et dernière revue de l’accord FEC, tous les critères de performance quantitatifs ont été respectés, à l’exception du critère de performance sur le solde budgétaire intérieur, qui n’a pas été atteint en raison de dépenses exceptionnelles plus élevées que prévu, principalement pour la sécurité et les élections générales de 2023. Des mesures correctives sont mises en œuvre pour remédier à ce critère de performance manqué. L’agenda des réformes structurelles progresse, bien qu’à un rythme plus lent que prévu.
Les perspectives économiques demeurent favorables, mais elles sont exposées à des risques significatifs orientés à la baisse. La croissance économique est projetée à 4,7 % en 2024 et à une moyenne de 4,8 % entre 2024 et 2028, soutenue par l’expansion continue des principales mines et une accélération progressive de la croissance du secteur non-extractif. L’inflation devrait rester élevée à 17,2 % en moyenne en 2024 et atteindre 12 % fin décembre 2024, avant de revenir progressivement à l’objectif de 7 % de la Banque Centrale du Congo à moyen terme.
Les pressions fiscales devraient rester, mais de bonnes performances en termes de recettes et d’efforts pour contenir les dépenses non prioritaires contribueront à réduire le déficit budgétaire intérieur en dessous de 1 % du PIB en 2024 et à moyen terme.
Les principaux risques pour ces perspectives proviennent de l’aggravation des conflits armés dans l’Est, de pressions inflationnistes potentielles dues à la volatilité des prix du pétrole et des denrées alimentaires, pouvant entraîner une diminution du revenu disponible réel des ménages. Il y a également un risque lié à un ralentissement soudain de la croissance en Chine et à une intensification des conflits régionaux, tels que la guerre en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient, pouvant impacter les recettes d’exportation et les investissements directs étrangers.
Prince OKENDE