Le président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), Florimond Muteba, a qualifié le projet de budget 2025, récemment soumis à l’Assemblée nationale par la Première ministre Judith Suminwa, d’irréaliste. Selon lui, le montant proposé de 18 milliards de dollars américains constitue une véritable utopie.
Pour étayer son analyse, cet expert en finances publiques s’appuie sur les résultats des deux dernières années. En 2022, le gouvernement n’a mobilisé que 9,8 milliards de dollars en recettes propres, tandis qu’en 2023, ce chiffre est tombé à 9,6 milliards, alors qu’un budget de 16 milliards avait été initialement prévu.
Le PCA de l’ODEP remet également en question la possibilité d’atteindre un tel montant dans un pays où la corruption et les détournements de fonds sont monnaie courante.
Pour cet acteur de la société civile, la seule avancée notable sous la présidence de Félix Tshisekedi est la capacité du gouvernement à doubler la mobilisation des ressources internes par rapport à l’époque de Joseph Kabila, grâce à l’action de l’inspection générale des finances (IGF) et d’autres institutions.
Avec la création d’une nouvelle direction à l’ANR axée sur les finances publiques, Florimond Muteba fustige l’amenuisement des prérogatives de l’IGF. Il souligne que les patrouilles financières ont disparu. L’IGF actuelle, selon lui, ne dispose plus des moyens nécessaires pour lutter efficacement contre la corruption et accroître les recettes fiscales. Il conclut que la réduction des prérogatives de l’IGF rendra l’atteinte de l’objectif de 9 milliards de dollars particulièrement problématique.
Le projet de loi de finances pour l’exercice 2025 à l’Assemblée nationale a été déposé le 16 septembre dernier au bureau de l’Assemblée nationale.
Validé en Conseil des ministres, ce projet de budget s’élève à 49,847 milliards de francs congolais, soit environ 18 milliards USD, avec un équilibre entre recettes et dépenses. Comparé au budget de 2024, qui est toujours en cours d’exécution et pourrait faire l’objet de révisions imminentes, le budget 2025 prévoit une augmentation de 21,6 %.
Dostin Eugène LUANGE