Les détournements, la corruption et les surfacturations des projets d’intérêt public sont devenus une réalité préoccupante pour les Congolais. Le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) a, dans son nouveau rapport, mis en relief la surfacturation des routes et le financement de deux infrastructures fantômes.
Dans son rapport publié vendredi 8 novembre 2024, le CREFDL se penche sur l’exécution des projets « Tshilejelu » et « Kinshasa zéro trou », lancés par le gouvernement de la RDC entre 2021 et 2023. Selon cette structure de la société civile, la modernisation de l’avenue Kulumba, qui relie Limete à Masina, aurait été surfacturée de plus de 19 millions de dollars.
Le rapport précise que la modernisation de cette avenue, budgétisée à 51,8 millions de dollars pour une longueur de 6,8 km, a été attribuée à SAFRIMEX dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé. Or, ce même projet avait été proposé par le gouvernement en 2020 pour un montant total de 32 millions de dollars, laissant ainsi un écart de 19,8 millions de dollars entre les deux estimations.
Entre 2021 et 2023, 171 millions de dollars auraient été engagés pour la modernisation de la voirie urbaine de Kinshasa, dont 70,5 millions, soit 40,9 % du budget total, auraient déjà été versés aux prestataires. Malgré ces investissements, le CREFDL souligne la dégradation rapide des voiries réhabilitées, seulement deux ans après leur exécution.
Le rapport révèle également que le gouvernement a financé jusqu’à 3 millions de dollars pour des projets liés à deux routes fantômes, les rues Tshilombo et Lunionzo, dans la commune de Matete. Selon les habitants, Tshilombo n’est rien d’autre qu’un arrêt de bus, tandis que Lunionzo désigne simplement un hôpital.
Le CREFDL indique avoir analysé plus de 1 000 documents relatifs aux projets « Kinshasa Zéro trou » et « Tshilejelu ». Les 171 millions de dollars engagés pour la modernisation de la voirie urbaine ont suscité des questionnements, notamment sur l’attribution de marchés à plusieurs prestataires pour un même projet.
De plus, l’organisation exprime son étonnement quant à l’absence de traçabilité des fonds dans les lois de finances des années 2021, 2022 et 2023, ainsi que dans les redditions de comptes associées. Seuls les paiements relatifs à la route Elengesa et à la route Yolo Médicale-Mombele sont mentionnés dans la reddition de comptes de 2022.
Face à cette situation alarmante, le CREFDL appelle le parlement, en tant qu’autorité budgétaire, à diligenter une enquête approfondie et à interpeller le ministre des Infrastructures et Travaux Publics pour qu’il s’explique sur la gestion de ces 70,5 millions de dollars.
Gervi KALONDA