Le gouvernement congolais fait un pas décisif vers la récupération totale des actifs miniers détenus par l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Le ministre congolais des hydrocarbures, Aimé Molendo Sakombi, a annoncé ce désengagement, jeudi 14 novembre 2024, lors de sa participation au Forum Makutano, qui se tient à Kinshasa.
S’exprimant sur le thème des « opportunités et défis pour la RDC dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation pétrolière et gazière », le ministre Molendo Sakombi a révélé que les blocs pétroliers 1 et 2, situés dans le Graben Albertine, sont désormais entièrement sous contrôle de l’État congolais. Ces actifs seront bientôt remis sur le marché à travers un appel d’offres restreint, soutenu par un nouveau décret visant à sécuriser les investisseurs et à offrir l’un des régimes fiscaux les plus attractifs d’Afrique dans le secteur des hydrocarbures.
« Je peux confirmer que le processus touche à sa fin. Dans quelques semaines, le groupe Ventora de Dan Gertler sera totalement désintéressé de tous les actifs congolais », a déclaré Molendo Sakombi. Ce retrait devrait se faire en coordination avec les autorités américaines, qui ont imposé des sanctions à Gertler.
Le ministre Molendo Sakombi a également évoqué une « réinterprétation des données sismiques pour certifier la valeur des ressources minérales », augurant une gestion plus rigoureuse des ressources.
En juin dernier, le Financial Times rapportait qu’un accord était en cours de négociation entre Washington et Gertler, permettant à ce dernier, malgré ses sanctions, de céder ses actifs congolais pour environ 300 millions de dollars et de retrouver l’accès aux marchés financiers américains.
En février 2022, Gertler avait signé un protocole d’accord avec le gouvernement congolais par le biais de sa société Ventora, visant à résoudre les différends et à permettre à l’État de reprendre ses actifs miniers et pétroliers. Cet accord, bien que salué par certaines autorités, a suscité des critiques de la part d’organisations de la société civile, qui le considèrent comme déséquilibré.
En décembre 2022, les termes de cet accord avaient été publiés, indiquant que Gertler avait accepté de cesser ses activités en RDC. Cependant, des inquiétudes persistent, notamment concernant les royalties perçues par l’homme d’affaires, évaluées à plus de 60 millions de dollars depuis la signature de l’accord.
Sous sanctions depuis 2017 pour « opérations minières et pétrolières corrompues en RDC », Dan Gertler, dont la fortune était estimée à 1,26 milliard de dollars en 2016, reste une figure controversée du paysage économique congolais.
Dostin Eugène LUANGE