Le directeur pays de la Banque mondiale pour l’Angola, le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé-et-Principe, Albert Zeufack, souhaite briguer le poste de président de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Il s’en est ouvert à l’ambassadeur du Cameroun en RDC, Martin Chungong Ayafor, selon nos confrères de l’agence Ecofin. Un dossier a été préparé et envoyé à Yaoundé. Cependant, à quelques semaines de la clôture des candidatures, le sommet de l’État reste aphone.
Cette sous-région n’ayant jamais présidé aux destinées de cette institution financière, plusieurs analystes estiment que le poste devrait cette fois revenir à un candidat issu d’un pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Mais rien n’est gagné. Pour se donner des chances de succéder au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le mandat arrive à son terme le 31 août 2025, l’Afrique centrale doit proposer un profil capable de convaincre les 82 actionnaires de la BAD, dont 28 pays non africains.
Zeufack apparaît comme une alternative capable de mieux préserver les intérêts de l’Afrique centrale, estiment plusieurs officiels au Cameroun et dans la sous-région.
Le 9 mars 2024, la CEEAC a adoubé Mahamat Abbas Tolli comme le « candidat unique de l’Afrique centrale ». Le 13 décembre 2024, le Tchad a d’ailleurs officiellement déposé la candidature de l’ex-gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Mais si l’on en croit une correspondance du ministre délégué aux Relations extérieures du Cameroun, Félix Mbayu, datée du 17 juillet 2024 et ayant fuité dans la presse, le Tchadien « n’aurait pas bonne presse auprès des États membres de l’Union africaine (UA) », qui représentent 61 % des voix.
Selon ce courrier, ces États reprocheraient à Mahamat Abbas Tolli « des erreurs de gestion lors de son passage à la BEAC, notamment le tribalisme, le népotisme et le non-respect des procédures ayant conduit au scandale des recrutements en 2022 ». Pour la diplomatie camerounaise, le fait qu’un Tchadien soit à la tête de la Commission de l’UA depuis 2017 pourrait également être contre-productif et faire perdre à l’Afrique centrale l’opportunité d’occuper le poste de président de la BAD.
En comparant son parcours à celui des personnalités qui se sont succédé à la tête de la BAD, la seule différence notable est que le Camerounais n’a pas encore occupé de fonction ministérielle dans son pays, une différence qu’il perçoit comme un atout.
Avec sa longue carrière internationale dans le développement économique et une expérience de premier plan acquise chez les dragons asiatiques, comme en Malaisie, Albert a acquis les compétences pour apporter des solutions concrètes aux défis auxquels est confronté le continent, estime un proche.
Pour ce dernier, cette expérience est déterminante pour conduire la stratégie décennale (2024–2033) de la BAD, qui vise l’accélération de la croissance verte et inclusive ainsi que la promotion d’économies prospères et résilientes sur le continent.
Il a passé plus de 30 ans dans le développement économique. Consultant à la Banque mondiale entre 1993 et 1994, il a rejoint cette institution en 1997 comme économiste au sein de la division macroéconomie du département recherche, après un concours très sélectif. En 2016, il est devenu le premier Africain à occuper le poste d’économiste en chef pour la région Afrique.
En 2022, le Camerounais est nommé directeur pays pour l’Angola, le Burundi, la RDC et Sao Tomé-et-Principe. Entre 2008 et 2012, il s’est mis en disponibilité pour travailler pour le fonds souverain malaisien Khazanah Nasional Berhad, en tant qu’économiste en chef et directeur de la recherche et de la stratégie.
Durant cette longue carrière, le Camerounais affirme avoir activement travaillé pour le développement du continent. L’économiste revendique notamment avoir contribué à changer le discours sur l’industrialisation de l’Afrique à travers ses nombreuses publications et sa position de stratégiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique ; avoir obtenu le financement du projet de décentralisation du Kenya par la Banque mondiale, avoir participé au programme de développement de la compétitivité du Maroc en réalisant la première grande enquête du pays sur la compétitivité, ou encore avoir contribué à l’élaboration de la vision 2030 de la Côte d’Ivoire.
DosEco avec Agence Ecofin