La récente décision de l’Union européenne (UE) d’interdire certains produits, notamment le café et le cacao, en provenance de la République démocratique du Congo sur son marché suscite de vives réactions à Kinshasa et exacerbe la colère des agriculteurs locaux. Le gouvernement congolais, par le truchement du ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a dénoncé lundi 30 décembre – au cours d’un briefing spécial – cette situation qu’il qualifie de guerre économique s’ajoutant à l’agression rwandaise à laquelle fait face la RDC.
Pour le ministre du Commerce extérieur, les arguments avancés par l’UE ne tiennent pas la route, d’autant plus que le café et le cacao congolais proviennent de terres arables.
Dans cette optique, il a expliqué que le gouvernement doit prendre à bras-le-corps cette mesure de l’Union européenne qui tend à restreindre l’entrée du cacao et du café congolais sur le sol européen. De son avis, l’UE semble vouloir maintenir la RDC dans une dépendance économique vis-à-vis du secteur minier, au détriment de l’agriculture.
Il a rappelé que la RDC dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, qui n’ont rien à voir avec le couvert forestier du pays, qui s’étend sur 155,5 millions d’hectares, dont 62 % sont des forêts tropicales humides, parmi lesquelles on trouve 105 000 kilomètres carrés de tourbières, de mangroves et des forêts de Miombo.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a pris une panoplie de mesures et dispositions qu’il entend appliquer en collaboration avec l’Union européenne. En clair, le gouvernement compte :
-Organiser une réunion tripartite avec l’UE et Monusco pour clarifier les règles du règlement sur la déforestation ;
-Définir clairement les zones agricoles et forestières ;
-Renforcer les agences nationales pour établir un système de certification efficace ;
-Promouvoir l’initiative « Couloir vert Kivu-Kinshasa ;
-Créer un guichet unique pour la certification des produits agricoles ;
-Dialoguer avec les certificateurs pour faciliter le processus ;
-Accélérer la mise en place du Kinshasa Mercantile Exchange, axé sur la traçabilité et la transparence ;
-Intensifier les Zones Économiques Spéciales pour la transformation locale des ressources ;
-Diversifier les marchés, notamment vers les États-Unis et l’Asie ;
-Collaborer avec l’UE pour établir des systèmes de diligence raisonnée.
Le ministre Julien Paluku appelle à la mobilisation de tous les acteurs pour faire face à cette situation. La RDC, riche de ses ressources, se doit de redéfinir son modèle économique pour assurer un avenir prospère, loin des entraves imposées par des décisions extérieures.
Dostin Eugène LUANGE