La conjoncture actuelle en République Démocratique du Congo, marquée par le conflit entre l’alliance Fleuve Congo (AFC) et le Mouvement du 23 mars (M23), offre des opportunités sans précédent pour le Rwanda. Depuis le 30 avril 2024, cette coalition a pris le contrôle de la ville stratégique de Rubaya, ainsi que des zones minières environnantes, où des ressources stratégiques telles que le coltan, l’étain et le manganèse continuent d’être exploitées.
Un rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, dont le mandat a été renouvelé par la résolution 2738 (2024) du Conseil de sécurité, révèle que plus de 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda. Ce coltan a été mélangé à la production rwandaise, entraînant une contamination alarmante des chaînes d’approvisionnement minérales de la région des Grands Lacs.
Le rapport souligne que la coalition AFC-M23 a établi une administration parallèle à Rubaya, supervisant l’extraction, le commerce, le transport et la taxation des minéraux. Cette situation a permis à la coalition d’exercer un monopole sur l’exportation de coltan vers le Rwanda, tout en imposant des taxes significatives. Les centres de négoce à Rubaya et Mushaki, ainsi que les routes menant au Rwanda, ont été entièrement contrôlés par cette coalition, facilitant ainsi l’acheminement de 120 tonnes de coltan par mois.
Les experts de l’ONU rapportent que des convois de minéraux, chargés deux fois par semaine, comprennent entre quatre et cinq véhicules, chacun capable de transporter jusqu’à cinq tonnes. Le système de taxation mis en place par la coalition AFC-M23 génère des revenus considérables, avec des taxes de 7 dollars par kilogramme sur le coltan et le manganèse, et de 4 dollars sur l’étain. Au total, ces activités auraient rapporté près de 800 000 dollars par mois à la coalition.
Dostin Eugène LUANGE