L’ancien premier ministre, Matata Ponyo, a tiré à boulets rouges le Fonds monétaire international (FMI), qui a récemment qualifié l’économie congolaise de « résiliente » avec une croissance robuste.
Dans une intervention faite lundi sur les antennes de la Radio Onusienne, cet expert a exprimé son inquiétude face à la perte de crédibilité de l’institution de Bretton Woods, qu’il accuse de complaisance à l’égard des détournements et pratiques de corruption qui gangrènent le pays depuis 2019.
“Je pense que le FMI fait la honte parce que, pour la première fois, on réalise que l’institution Fonds monétaire international ne préserve pas sa crédibilité, qui est reconnue mondialement. Je l’ai dit dans un article scientifique intitulé : “Comment le FMI accompagne le sous-développement sur le continent africain : cas de la RDC de 2019 à 2024.” Comment le FMI peut-il nous parler d’une croissance robuste fondée uniquement sur le secteur minier ? Comment peut-il nous parler d’une résilience d’une économie qui est particulièrement marquée par la corruption, les scandales et les détournements ? Comment peut-il parler d’une économie performante en déficit budgétaire, dont plus de 53 % des dépenses publiques ont été faites hors la loi ? Mais c’est un scandale de la part du FMI”, a déclaré Matata Ponyo.
Dans la foulée, il a souligné avoir écrit à la directrice générale du FMI et au président de la Banque mondiale, des figures censées incarner la bonne gouvernance. Malheureusement, ces lettres sont restées sans réponse.
“Quand des soupçons de détournement et de corruption émergent, la moindre des choses serait d’auditer les dépenses. Comment le FMI peut-il ignorer les conseils d’un député national face à un gouvernement qu’il doit surveiller ? Le FMI est devenu complice de cette situation”, a-t-il ajouté.
Matata Ponyo a précisé que le FMI a alloué entre 2019 et 2024, 2 milliards 117 millions de dollars américains pour soutenir le gouvernement congolais. Or, il estime que 1 milliard 466 millions de dollars, soit 67 % des ressources décaissées durant cette période, pourraient avoir été détournés.
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, mercredi 15 janvier, l’accord de 38 mois d’un montant d’environ 3 milliards de dollars en faveur de la République démocratique du Congo (RDC). Cette approbation du Conseil d’administration du FMI est l’aboutissement de l’accord négocié par les experts des ministères des Finances et Budget sous l’égide du ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, en décembre dernier.
Dans un communiqué de presse, le Directeur général adjoint et président du Conseil d’administration du FMI, Kenji Okamura, a affirmé que l’économie de la RDC est restée résiliente, avec une croissance économique robuste, une baisse de l’inflation et des déficits budgétaires, malgré les défis importants auxquels elle est confrontée, notamment les conflits armés dans l’est du pays et une crise de santé publique liée à l’épidémie de Mpox.
Dostin Eugène LUANGE