L’assassinat de l’artiste engagé Delphin Katembo, connu sous le nom de Delcat Idengo, survenu le jeudi 13 février 2025 à Goma, dans le Nord-Kivu, a plongé la ville dans un profond deuil et suscité une vive émotion à travers le pays. L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a réagi avec indignation à cette tragédie.
Dans un communiqué publié le même jour, Florimond Muteba Tshitenge, président du Conseil d’Administration de l’ODEP, a rendu hommage à cet artiste, le qualifiant de « véritable trésor pour la nation congolaise ». Il a demandé au président de la République, Félix Tshisekedi, de faire preuve d’honnêteté et de transparence, l’accusant de favoriser des comportements néfastes.
«Nous ne pouvons ignorer l’hypocrisie de ceux qui, aujourd’hui, versent des larmes de crocodile. En premier lieu, les Églises catholiques et l’ECC, qui ont promu un dialogue menant à la capitulation et à la trahison de notre cause. Mais aussi le Président Félix TSHISEKEDI, dont les actions semblent encourager de tels comportements. Monsieur le Président, il est grand temps de faire preuve d’honnêteté et de transparence devant le peuple congolais. De quel côté vous situez-vous réellement ? Le parti politique auquel vous appartenez, l’UDPS, a rejeté cette initiative, pourtant vous lui apportez un soutien ambigu”, a-t-il écrit.
Delcat Idengo s’était fait connaître grâce à ses chansons engagées dénonçant les abus des autorités et les conflits armés dans l’est de la RDC. Il avait été arrêté à plusieurs reprises et condamné à 10 ans de prison, mais avait été libéré en décembre 2023 sous la pression populaire, lors de la campagne électorale. Son combat ne s’est pas arrêté là : il a continué à dénoncer la présence controversée de la MONUSCO et les exactions des groupes armés.
Lors d’une manifestation contre la mission onusienne en 2024, il avait de nouveau été arrêté. En janvier dernier, à la veille de l’entrée du M23 à Goma, Idengo s’était évadé de la prison de Munzenze pour reprendre son combat à travers la musique.
La veille de son assassinat, il avait dévoilé une chanson intitulée « Bunduki » (arme, en swahili), dans laquelle il critiquait ouvertement les groupes armés et le gouvernement.
Dominique MALALA