À l’approche du Sommet de l’Union africaine, la Banque africaine de développement (BAD) s’apprête à présenter une initiative audacieuse visant à répondre aux besoins pressants de liquidités du continent. Le Mécanisme africain de stabilité financière (AFSM), conçu pour garantir la stabilité financière et promouvoir un développement durable en Afrique, pourrait recevoir le feu vert des dirigeants africains lors de cette rencontre importante.
La 38e session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement se déroulera les 15 et 16 février 2025 à Addis-Abeba, en Éthiopie, sous le thème « Faire progresser le programme de développement de l’Afrique ». Il est à noter qu’à ce jour, l’Afrique est le seul continent ne disposant pas d’un mécanisme financier régional dédié à l’atténuation des risques liés au refinancement de la dette.
« L’Afrique a besoin d’un filet de sécurité régional capable de fournir des liquidités de refinancement de la dette à grande échelle et à coût abordable », a souligné Akinwumi Adesina, président du Groupe de la BAD, dans la préface du rapport de l’AFSM.
Depuis 2010, la dette publique africaine a presque doublé, de nombreux pays se tournant de plus en plus vers des emprunts non concessionnels et à court terme, provoquant un nombre croissant de défauts de paiement. La Banque prévoit que les besoins de remboursement ou de refinancement de la dette à court terme atteindront dix milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie. L’accès aux marchés financiers demeure un défi majeur pour les pays africains, souvent confrontés à des coûts d’accès à la liquidité bien plus élevés que dans d’autres régions, en raison de facteurs économiques internes et de conditions financières externes.
L’idée de l’AFSM a émergé en 2022, lorsque la BAD a proposé ce mécanisme, ce qui a conduit à un mandat officiel de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine pour sa création. Au cours des deux dernières années, la Banque et la Commission de l’Union africaine ont mené des études approfondies et des consultations avec les États membres.
M. Adesina, à la tête de la délégation de la haute direction de la Banque présente au sommet, présidera le lancement de l’AFSM le 15 février à Addis-Abeba, où il a été un fervent défenseur de cette initiative.
En parallèle, la BAD a également lancé l’édition 2025 de son rapport « Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique » (MEO), qui met en lumière un équilibre entre l’amélioration des performances économiques et les risques persistants dans un contexte de chocs globaux. La croissance du PIB réel devrait atteindre 4,1 % en 2025 et 4,4 % en 2026, soutenue par des réformes économiques, une baisse de l’inflation et une amélioration des situations budgétaires et de la dette. Cependant, le rapport souligne que les tensions géopolitiques, les faiblesses structurelles, les catastrophes climatiques et les conflits prolongés dans des zones comme le Sahel et la Corne de l’Afrique continuent de poser des défis majeurs.
Parmi les autres événements significatifs organisés par la BAD et ses partenaires, on trouve une session sur les avancées réalisées dans les engagements politiques de haut niveau pour lutter contre la malnutrition en Afrique, via l’initiative African Leaders for Nutrition (ALN), ainsi que la 8e édition de l’Africa Business Forum (ABF 2025) dont le thème sera « Du potentiel à la prospérité : activer les chaînes de valeur régionales de l’Afrique ».
Prince OKENDE