Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) veut renforcer l’identité numérique de la population en partenariat avec la société singapourienne Trident Digital Tech Holdings Ltd. Augustin Kibassa Maliba (photo), ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, a lancé la semaine dernière les travaux de validation dudit partenariat, consécutif à un accord signé en février entre les deux parties.
Le partenariat permettra notamment la mise en place d’un système national d’identification numérique. Le gouvernement congolais s’engage à faciliter l’intégration de la solution d’identification numérique Tridentity de Trident dans les services publics et privés ; à mettre en place un programme national de sensibilisation et de formation ; à renforcer les infrastructures technologiques, notamment par des investissements dans le cloud souverain et les data centers sécurisés ; et à encourager l’innovation locale, en soutenant les startups et les acteurs du numérique.
À terme, le gouvernement congolais vise à créer plus de 30 000 emplois directs et indirects dans le numérique, la cybersécurité, l’administration et les services ; à augmenter de 40 % l’inclusion financière, permettant à des millions de personnes d’accéder aux services bancaires et numériques ; à réduire de 50 % les délais administratifs ; à stimuler la croissance économique, en facilitant le commerce et l’investissement transfrontalier ; et à améliorer la protection sociale et les services publics, grâce à une identification numérique sécurisée pour la santé, l’éducation et l’aide sociale.
Cette initiative du gouvernement congolais intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des fraudes à l’identité sur le continent. La société Smile ID identifie deux types de fraudes : d’une part, la fraude documentaire qui consiste à manipuler des documents d’identité physiques ou numériques pour contourner les contrôles de vérification ; d’autre part, la fraude ciblant les systèmes conçus pour vérifier des traits physiques uniques, en exploitant les vulnérabilités des technologies d’authentification des utilisateurs.
Dans son rapport « 2025 Digital Identity: Fraud in Africa Report Trends, tactics and key solutions to tackle fraud effectively », Smile ID indique qu’en 2024, les tentatives de fraude repérées lors des vérifications d’identité en Afrique ont baissé de 14 %. La société précise toutefois que ce n’est pas forcément que la fraude a diminué, mais plutôt que les méthodes de vérification se sont améliorées grâce à l’utilisation accrue de la biométrie et de la vérification des documents, qui sont plus efficaces que les vérifications textuelles classiques.
Selon Smile ID, les banques numériques ont enregistré un pic de tentatives de fraude représentant 35 % de toutes les vérifications biométriques et documentaires en 2024, suivies par les institutions de microfinance avec 30 %. Par exemple, la deuxième plus grande banque du Kenya a perdu 1,5 milliard de shillings kényans (11,6 millions $) à cause de la fraude au cours de l’année. Au Nigeria, les banques ont perdu 42,6 milliards de nairas (27,4 millions $) au deuxième trimestre 2024. C’est bien plus que les 9,4 milliards de nairas de pertes de toute l’année 2023.