La situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo continue de se détériorer, avec l’occupation de quelques provinces par les rebelles de l’AFC-M23, soutenus par l’armée rwandaise. Cette crise fragilise davantage le régime de Kinshasa, qui se voit contraint de négocier avec des groupes armés qui endeuillent quotidiennement la population.
Alors que le président Félix Tshisekedi mise sur des initiatives diplomatiques pour reconquérir les provinces occupées, la société civile congolaise appelle à des solutions endogènes pour résoudre ce conflit armé. Dans une tribune publiée le 28 mars 2025, Florimond Muteba, président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), rappelle que la paix ne peut être un produit d’importation.
« Nous ne voulons pas d’une paix importée dans des caisses de diplomatie. Nous voulons une paix qui pousse comme un arbre sur notre propre sol », déclare-t-il. Pour ce professeur d’université, « l’Afrique doit choisir entre s’unir ou s’effondrer. Et le Congo, par son histoire et son potentiel, doit redevenir le cœur battant de cette renaissance continentale ».
Florimond Muteba insiste sur le fait que la solution ne viendra pas de l’ONU, de Washington ou de Bruxelles. Il prône plutôt un sursaut collectif africain, une alliance géostratégique continentale, ainsi qu’une refondation institutionnelle en RDC, fondée sur trois piliers :
- Souveraineté militaire et technologique : Rompre avec les modèles de dépendance sécuritaire.
- Intégration régionale stratégique: S’appuyer sur la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), tout en favorisant la coopération Sud-Sud.
- Ancrage dans la mémoire historique: Décoloniser non seulement les ressources, mais aussi les imaginaires.
Pendant que l’attention se concentrait sur Luanda pour des pourparlers directs entre la RDC et le M23, une rencontre surprise s’est tenue à Doha, au Qatar. Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame se sont rencontrés secrètement, sous la médiation de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani. Ils ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, et se sont mis d’accord sur les modalités d’exécution des acquis des processus de Luanda et Nairobi.
Le mercredi dernier, Félix Tshisekedi avait également été reçu à Luanda par son homologue angolais, João Lourenço, moins de deux semaines après l’annonce du retrait de l’Angola en tant que médiateur dans la crise entre la RDC et le Rwanda.
Dostin Eugène LUANGE