Dans une tribune publiée vendredi 28 mars 2025, le professeur Florimond Muteba Tshitenge a esquissé des pistes pour résoudre la crise sécuritaire qui sévit dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Il préconise des initiatives endogènes, favorisant les approches congolaises et africaines au détriment des influences occidentales.
Néanmoins, il constate que depuis l’indépendance en 1960, la République Démocratique du Congo peine à se doter d’un véritable parti politique de combat, porteur d’une doctrine révolutionnaire claire, capable de résister à l’impérialisme sous toutes ses formes. C’est ainsi qu’il appelle à sa création.
“Un tel parti aurait pu non seulement encadrer les luttes internes, mais aussi guider notre politique nationale et internationale à travers une idéologie structurée, cohérente et affranchie des influences extérieures. Dans d’autres pays, des formations de ce type ont servi de colonne vertébrale à l’État. On pense notamment au Parti communiste de l’Union soviétique sous la direction de figures telles que Lénine et Staline, ou encore au Parti communiste chinois sous l’impulsion de Mao Zedong. Ces partis n’étaient pas de simples structures électorales, mais de véritables instruments de transformation sociale, porteurs d’une vision claire du monde, capables de définir des priorités économiques, culturelles et diplomatiques. Le Congo, en revanche, est resté sans ce socle idéologique fort, naviguant entre influences étrangères et stratégies de survie, sans jamais pouvoir imposer sa propre voie,” a-t-il écrit.
Le président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) soutient que ce déficit a fait que, lors de l’avancée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) en 1997, “aucune force politique nationaliste révolutionnaire n’était véritablement en mesure d’accompagner, d’encadrer ou même d’orienter cette conquête du pouvoir.”
“Le renversement du maréchal Mobutu, le 17 mai 1997, s’est donc opéré sans le socle idéologique ni l’organisation politique nécessaires à une refondation réelle de l’État.”
Dans cette tribune, cet acteur de la société indique également qu’avant d’être élevé au rang de martyr, le président Laurent-Désiré Kabila fut, dans les premières heures de son ascension, un complice consentant de la stratégie des puissances étrangères qui, plus tard, se retourneront contre lui.
Séduit par la perspective d’accéder au pouvoir, écrit-il, il renonça à l’idéal d’une lutte souveraine, échouant à bâtir une armée nationale de libération comparable à celle du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) ou du Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie. Ce choix, celui de recourir aux troupes étrangères, fut, selon Florimond Muteba, une erreur historique, longtemps occultée par le prestige posthume de son sacrifice.
Depuis lors, renchérit-il, dans l’Est du pays, où se concentre une part considérable des ressources stratégiques du continent africain — cobalt, coltan, or, tantale, lithium — le sol est devenu plus précieux que la vie humaine.
Dostin Eugène LUANGE