Dans un rapport intitulé “Impact des conflits et des déplacements sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et les moyens d’existence dans les provinces d’Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika”, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle que plus de 10,3 millions de Congolais souffrent d’insécurité alimentaire aiguë depuis le début de l’année 2025.
La situation est particulièrement préoccupante dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où des groupes armés tels que l’Alliance Fleuve Congo et le Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par les forces rwandaises, ont consolidé leur emprise sur de vastes territoires, établissant des administrations parallèles dans des villes comme Goma et Bukavu.
Une crise humanitaire qui perdure
“Depuis janvier 2025, la sécurité et les conditions de vie dans l’est de la RDC sont gravement compromises. L’analyse mise à jour du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) de mars 2025 souligne une dégradation inquiétante de l’insécurité alimentaire”, souligne le rapport. Les populations, contraintes de retourner dans des zones où leur sécurité est précaire ou de faire face à des déplacements répétés, vivent une situation critique. La fermeture de l’aéroport de Goma, suite à son occupation par le M23 fin janvier 2025, complique davantage l’acheminement de l’aide humanitaire.
Impact sur les moyens d’existence
L’ONG met en lumière que l’insécurité et les conflits nuisent gravement à la production agricole, à l’accès à la nourriture et à la possibilité de générer des revenus. Parmi les ménages exposés aux conflits, 59 % rapportent des revenus inférieurs à ceux de l’année précédente, par rapport à 50 % des ménages non touchés.
“Tous types de moyens d’existence agricole confondus, les ménages affectés par l’insécurité rencontrent davantage de difficultés de production. Cette détérioration est particulièrement marquée chez ceux qui dépendent de la pêche, par rapport à ceux engagés dans l’agriculture végétale ou animale”, précise le rapport.
Parmi les ménages touchés, 53 % évoquent des difficultés d’accès à leurs champs ou étangs, 15 % signalent des vols ou des occupations de terres, 10 % font face à des restrictions pour obtenir des intrants, et 9 % rapportent la destruction de leurs biens de production ou de leurs récoltes.
Célestin KAZADI