La nouvelle de l’eviction du chef de service de l’Inspection générale des finances (IGF) Jules Alingete Key est tombée comme un couperet la soirée du mercredi dernier. En effet, ce dernier est dorénavant remplacé par Bitasimwa Bahii Christophe.
Dans un communiqué publié jeudi 8 mai, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), engagé dans la lutte contre la corruption en République Démocratique du Congo, révèle que cette décision résulte d’un chantage exercé sur le président de la République par l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi.
Pour obtenir le départ d’Alingete, Nicolas Kazadi aurait menacé de révéler des dossiers compromettants sur des détournements au sein du régime. L’ODEP souligne que sa récente sortie médiatique, riche en révélations, s’inscrit dans une stratégie de pression visant à inciter le président Tshisekedi à limoger celui qu’on appelle le superflic.
“Nicolas Kazadi, en joignant la parole à l’acte, a commencé un processus de révélations publiques sur des pratiques de gouvernance douteuses. Face à cette menace, le Président n’a eu d’autre choix que d’écarter Jules Alingete, dont les dossiers sensibles, gérés avec Kazadi, étaient une véritable bombe à retardement.”, lit-on dans le communiqué de l’ODEP.
Pour l’ODEP, Alingete est devenu la victime d’un système gangrené par la médiocrité, le tribalisme, la gabegie et la corruption. Son départ marque la fin d’un cycle crucial dans la lutte pour l’intégrité publique en RDC. Depuis sa nomination en juillet 2020, il a transformé l’IGF en une institution phare de la redevabilité et du contrôle de l’action publique, dans un pays où la transparence a longtemps été une exception.
Sous sa direction, l’IGF a mis au jour de nombreux scandales financiers, révélant l’ampleur de la prédation sur les finances publiques. “Ces révélations ont agi comme un électrochoc moral, stimulant une prise de conscience nationale”, souligne l’ODEP. Alingete a réussi à réhabiliter le contrôle comme pilier de l’État de droit, remettant au centre de la gestion publique le mérite et la traçabilité.
L’ODEP appelle le Président Tshisekedi à préserver et à capitaliser sur les acquis de l’œuvre d’Alingete, tout en renforçant la fonction contrôle au sein de l’État. Elle demande également l’arrestation immédiate de Nicolas Kazadi, à la suite de ses aveux.
In fine, l’ODEP se tourne vers la communauté internationale, conseillant au FMI de créer une commission indépendante pour auditer la gouvernance des Finances Publiques en RDC. Elle exhorte également les États-Unis à suspendre la signature d’un accord controversé tant que le pays ne disposera pas de dirigeants intègres capables de promouvoir une gouvernance transparente.
Dostin Eugène LUANGE