Lors de l’ouverture de la seconde édition des rencontres congolaises de recherches sur le journalisme, organisées par le Laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication (Larsicom) jeudi 8 mai 2025 à l’Institut National des Arts (INA) de Kinshasa, le professeur Félix Malu a soulevé une question fondamentale : « Le savoir en transformation. L’éducation à genoux : l’IA est-elle le problème ? ».
Dans son exposé, cet expert a reconnu le potentiel de l’IA générative, tout en alertant sur ses effets néfastes, notamment sur le développement intellectuel des jeunes et l’autonomie des adultes.
« Plus vous recourez à l’IA générative, plus vous risquez de lui déléguer votre pensée. Cette dépendance amoindrit l’exercice intellectuel et affaiblit les capacités cognitives », a-t-il déclaré, mettant en lumière l’émergence d’une génération d’élèves et de professionnels qui peinent à penser de manière autonome.
Félix Malu a également dénoncé la confiance aveugle que les plus jeunes placent dans l’IA, que ce soit pour la rédaction d’articles ou la recherche d’informations. « L’IA générative peut amplifier les compétences cognitives, mais elle renforce aussi l’incompétence de ceux qui n’exercent pas leur esprit critique », a-t-il précisé.
Le professeur a mis en garde contre la perte d’autonomie intellectuelle chez les adultes, ainsi que les dangers des hallucinations, de la désinformation et du plagiat. Selon lui, l’IA n’est pas la source des problèmes, mais un révélateur des faiblesses d’un système éducatif en déclin.
Il a insisté sur la nécessité de développer des compétences essentielles à l’ère de l’IA générative, telles que la littératie en intelligence artificielle, l’esprit critique et les compétences éthiques. « Une utilisation non éclairée de l’IA générative conduit inévitablement à une érosion des capacités cognitives », a-t-il averti.
En écho à ses propos, le professeur Madimba Kadima Nzuji de l’UNISIC a illustré les limites de l’IA à travers une expérience avec ChatGPT. En demandant à l’IA de dessiner un mouton, il a démontré qu’elle ne possède pas la capacité de créer, soulignant qu’elle ne fait que reproduire ce qu’elle connaît.
« L’IA est limitée. Elle ne peut pas sortir du cadre établi et dépend des données qui lui sont fournies. Si tous les Congolais alimentent l’IA avec des informations locales, ses réflexions seront forcément ancrées dans notre réalité », a-t-il conclu, soulignant ainsi la nécessité d’une approche réfléchie dans l’utilisation de ces outils technologiques.
Dostin Eugène LUANGE