Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, est au cœur d’un scandale. L’homme de la situation, censé redorer le blason terni de la justice et traquer les détourneurs des deniers publics, a signé un contrat de 39 millions USD sans appel d’offres, avec des fonds publics déjà engagés.
Selon une correspondance du directeur de cabinet de la première ministre, datée du 8 mai 2025, le gouvernement exige du ministre Constant Mutamba des éclaircissements complets sur ce projet attribué de gré à gré à l’entreprise Zion Construction, sans consultation préalable de la Primature.
En effet, ce modus operandi de ce jeune ministre a, dans le passé, occasionné les détournements massifs de millions de dollars. L’illustration la plus éloquente est celle du Programme d’urgence du chef de l’État, piloté jadis par l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État, Vital Kamerhe. À l’époque, le rapport de l’ODEP indiquait que ce dernier avait passé de gré à gré 21 marchés publics d’une valeur de 2,3 milliards USD contre 54 marchés publics d’une valeur de 431 millions USD attribués sur appel d’offres. À ce jour, les Congolais, de leur côté, subissent encore les conséquences de ces choix controversés.
Face à la passation du marché de gré à gré orchestrée par Mutamba, la Primature a suspendu le projet de construction de la prison de Kisangani, attendant que ses services auscultent les pièces manquantes. Pourtant, un acompte de 19 millions USD a déjà été débloqué du Trésor public, avec l’aval des ministres des Finances et du Budget.
La question se pose : le ministre de la Justice sortira-t-il indemne de cette affaire ? Les analystes de bon aloi pressentent un possible tournant pour ce jeune ministre, dont la légitimité est désormais mise en question. Car, si celui qui est censé être un exemple se retrouve impliqué dans un tel scandale, quel message cela envoie-t-il aux autres détourneurs de fonds ?
Depuis sa nomination au sein du gouvernement de Judith Suminwa, rappelons-le, Constant Mutamba s’est présenté comme le chien de chasse du régime contre les antivaleurs. Ce jeune ministre est activement mis au service pour sévir contre les opposants, aussi bien politiques qu’armés.
Sans que sa mesure n’ait un impact réel sur la situation, Mutamba a organisé des procès qui ont abouti à la condamnation à mort des membres du groupe rebelle M23 ainsi que des enfants de la rue dits kulunas de Kinshasa. Puis, très récemment, il a annoncé que des poursuites allaient être engagées contre Joseph Kabila, ancien président congolais devenu sénateur à vie.
Par le truchement du jeune ministre, aidé par son collègue de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, les biens de l’ex-chef de l’État sont supposés désormais confisqués et mis aux enchères. Joseph Kabila est accusé de comploter contre le pays pour s’être rapproché du M23, alors que Kinshasa a lui-même engagé des pourparlers avec la même rébellion à Doha, au Qatar.


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