Le chinois CMOC et le suisse Glencore sont en désaccord sur la suite à donner à la suspension des exportations de cobalt en République démocratique du Congo. Selon les informations relayées par Reuters, CMOC appelle le gouvernement congolais à lever l’embargo, alors que des traders de Glencore estiment que le marché devrait être stable avant un afflux de cobalt.
Le sujet a été évoqué la semaine dernière lors d’une réunion à huis clos en marge du Cobalt Congress à Singapour, en présence du ministre congolais des Mines Kizito Pakabomba. À cette occasion, Kenny Ives, le vice-président de CMOC, a défendu la levée de la suspension en soulignant la nécessité de réapprovisionner les clients chinois dont les stocks de cobalt s’épuisent. Il craint en effet qu’une rupture des stocks incite les constructeurs automobiles à se tourner vers les batteries lithium-ion, qui ne nécessitent pas de cobalt.
Une position que ne partagent pas les négociants de Glencore, qui indiquent que le marché a besoin d’un prix plus stable avant que l’embargo soit levé. Cela implique que les pays producteurs comme la RD Congo doivent s’assurer de gérer l’offre excédentaire du marché, laquelle était d’ailleurs à l’origine de la décision de Kinshasa de suspendre les exportations.
Ces déclarations mettent en lumière des disparités dans les opinions des différents acteurs concernant la gestion du marché du cobalt. Pour rappel, CMOC et Glencore, qui sont les deux principaux producteurs mondiaux de ce métal, n’ont jusqu’ici pas annoncé de suspension de leur production malgré l’embargo en vigueur en RDC. Alors que cette mesure devrait prendre fin le dimanche 22 juin, les autorités congolaises n’ont encore donné aucune indication claire concernant la levée des exportations.
Si la possibilité d’une « prorogation » a été évoquée par le président congolais Félix Tshisekedi, la mise en place d’un système de quotas sur les exportations est aussi une autre alternative envisagée. Une éventualité que les traders de Glencore indiquent être prêts à accepter. Reste à voir la posture qu’adoptera Kinshasa sur la question d’ici les prochaines semaines.
En attendant, le marché semble bien réagir à l’interdiction des exportations en RDC, avec un prix du cobalt en hausse de plus de 50% depuis février. Le cours du cobalt sur la bourse des métaux de Londres (LME) atteint actuellement plus de 33 000 USD la tonne, contre 21 000 USD fin février.