Six ans après son passage à la tête du pays, l’ancien président Joseph Kabila dresse un tableau peu reluisant de la situation économique et sécuritaire de la République Démocratique du Congo.
Dans son harangue prononcée vendredi 23 mai 2025, le prédécesseur de Félix Tshisekedi a dénoncé la corruption et les détournements des deniers publics, qui ont atteint un niveau inédit.
Nonobstant l’accroissement des recettes publiques, essentiellement dû à l’arrivée à maturité des réformes votées entre 2002 et 2018 ainsi qu’à un niveau d’aide financière accru de la part des institutions de Bretton Woods, Joseph Kabila constate qu’aucun investissement n’a été effectué pour doter le pays d’infrastructures modernes, soutenir des réformes structurelles et stimuler la croissance.
“Sur le plan économique, la situation est de plus en plus inquiétante. Bien que les recettes publiques aient augmenté, aucun investissement n’a été réalisé pour moderniser les infrastructures, soutenir des réformes structurelles et stimuler la croissance. Par ailleurs, l’inflation et la dépréciation monétaire, jadis maîtrisées, sont de retour. La corruption et le détournement des deniers publics ont atteint un niveau sans précédent,” a déclaré Joseph Kabila.
Cet ancien président, devenu un homme politique en exil, déplore également la montée en flèche de l’endettement public, qu’il avait réussi à maîtriser depuis 2010, dépassant désormais la barre des 10 milliards de dollars, suscitant des inquiétudes légitimes quant à la solvabilité à moyen et long terme du pays.
Selon lui, les conséquences sur le plan social sont également dramatiques. Il souligne l’aggravation du chômage, l’accumulation des arriérés de salaires des agents de l’État, la baisse drastique du niveau de vie de la population, et la recrudescence du banditisme urbain.
Kabila indique que les Congolais sont désormais en proie à une véritable angoisse existentielle. Parmi les victimes résignées de ce gâchis, se trouve en bonne place la jeunesse, qui a pourtant été au cœur des combats démocratiques et a beaucoup cru aux vertus de l’alternance pacifique.
“Aujourd’hui, sans repères ni perspectives sérieuses pour l’avenir, elle se sent abandonnée, laissée à la merci des entrepreneurs de conflits et des vendeurs d’illusions de tous bords. Rien de ce qui lui a été promis depuis six ans n’a été réalisé. À cette jeunesse désabusée, ainsi qu’à l’ensemble de notre peuple,” a ajouté Joseph Kabila.
Concernant la justice, l’homme de Kingakati a indiqué que celle-ci, garante constitutionnelle de la liberté publique et des valeurs qui structurent l’identité et forgent l’unité, a complètement démissionné de ses responsabilités, se laissant instrumentaliser à des fins politiques.
Selon Joseph Kabila, la justice n’est donc plus qu’un instrument d’oppression d’une dictature qui tente désespérément de survivre à l’écart de l’histoire, à travers l’imposition d’une pensée unique.
Dostin Eugène LUANGE