Ce mardi 27 mai, la Banque africaine de développement (BAD) a donné le coup d’envoi de ses Assemblées annuelles 2025 à Abidjan. Dans le cadre prestigieux du Sofitel Hôtel Ivoire, Akinwumi Adesina, dont le second mandat touche à sa fin, a dressé le bilan de ses dix années passées à la tête de l’institution panafricaine.
Face à un parterre de chefs d’Etat, de ministres, de dirigeants d’institutions financières et de partenaires au développement, le président sortant a mis en évidence l’ampleur du travail accompli. Son programme-phare, les « High 5 » — électrifier l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains — a, selon lui, permis d’impacter plus de 565 millions de personnes sur le continent.
« Notre vision était simple : faire de la BAD une banque plus efficace, plus proche de ses États membres, plus agile et plus ambitieuse pour l’Afrique », a-t-il affirmé, soulignant également la capacité de l’institution à répondre aux crises, qu’elles soient sanitaires ou géopolitiques.

Cette édition des assemblées, placée sous le thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », résonne avec les défis du moment : raréfaction des financements internationaux, instabilité mondiale et essoufflement du soutien de certains partenaires traditionnels, notamment les États-Unis. Pour la ministre ivoirienne du Plan, Nialé Kaba, ce contexte appelle à recentrer les efforts sur les atouts fondamentaux du continent. « Le thème de cette année […] nous rappelle que l’Afrique dispose d’un vaste patrimoine naturel et culturel et d’un potentiel démographique exceptionnel à transformer impérativement en prospérité partagée », a-t-elle insisté.
De son côté, le président Alassane Ouattara a salué les accomplissements d’Adesina tout en appelant à une continuité stratégique.
« Le prochain président devra poursuivre et accélérer la dynamique insufflée par le président Adesina afin de faire de la BAD un acteur de premier plan, et de maintenir son rôle dans la marche du continent vers le développement socio-économique et inclusif. Je suis convaincu que les différents échanges lors de ces assemblées permettront de proposer des stratégies et des mesures capables d’accélérer le développement de l’Afrique, au bénéfice de nos populations ».
Cinq candidats sont encore en lice pour succéder à Akinwumi Adesina : Amadou Hott (Sénégal), Sidi Ould Tah (Mauritanie), Samuel Munzele Maimbo (Zambie), Mahamat Abbas Tolli (Tchad) et Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud). Si le nom du futur président devrait être dévoilé à l’issue des assemblées, ce dernier ne prendra ses fonctions qu’en septembre.
Plus que jamais, dans un environnement mondial marqué par la montée des tensions commerciales, la fragmentation des blocs économiques et la redéfinition des flux de capitaux, la BAD est appelée à se réinventer. Le futur président devra renforcer le positionnement de la banque en tant que pilier stratégique du développement africain.
Cela passera par une influence accrue dans les négociations internationales, une capacité renforcée de mobilisation de ressources, et une agilité nouvelle face aux urgences climatiques, économiques et géopolitiques. Amortisseur des chocs pour ses pays membres, la BAD devra aussi devenir un catalyseur de souveraineté et d’innovation pour une Afrique qui refuse de rester en marge de la reconfiguration du monde.