Après avoir placé son économie sur le secteur minier, le gouvernement congolais commence à déchanter. Désormais, c’est le secteur agricole qui est porteur de croissance. Cette dynamique a été expliquée par le ministre du commerce extérieur, Julien Paluku, au cours d’un briefing presse organisé mardi à Kinshasa, sur le thème “Commerce extérieur : levier de la croissance économique en RDC”.
« Lorsqu’on se rend compte de la manière dont le secteur minier a participé au développement de la RDC, on constate que la RDC n’a pas tiré profit de ce secteur. L’année passée, nous avons exporté 152 000 tonnes de cobalt et plus de 3 millions de tonnes de cuivre, mais cela ne se ressent pas dans le panier de la ménagère. Aujourd’hui, la tonne de cobalt se négocie à 33 000 dollars américains. Si vous multipliez par une production annuelle de 150 000 tonnes, on est autour de 60 milliards de dollars et 29 milliards pour le cuivre », a-t-il expliqué.
Selon lui, lorsque l’on voit comment cela se répercute sur la population congolaise, la pauvreté continue. Cela étant, le président de la République Félix Tshisekedi a enjoint le gouvernement à diversifier l’économie, notamment par l’agriculture, en identifiant les secteurs porteurs de croissance pour améliorer le panier de la ménagère.
“Nous devons migrer vers le secteur agricole pour améliorer le panier de la ménagère. Le secteur agricole peut créer 120 millions d’emplois, alors que la RDC n’a que 100 millions d’habitants. Ce qui signifie qu’elle importera même la main-d’œuvre. Il ne suffit pas de produire, mais il faut avoir des marchés. Au Commerce Extérieur, nous avons approché les USA avec l’AGOA. Le deuxième marché, c’est le marché européen avec des partenariats économiques et le troisième, les Chinois avec leurs 1,4 milliard de consommateurs. Le quatrième, les Indiens qui dépassent la Chine. Et en dernier lieu, le marché africain avec la ZLECAF, qui nous permettrait de gagner 1,3 milliard de consommateurs africains”, a déclaré Julien Paluku.
En supprimant les barrières douanières, le ministre Paluku a expliqué que le gouvernement ne perd pas de recettes, mais que cette suppression ne concerne que les produits d’origine. En ce qui concerne les accords avec l’OMC, il a constaté que la RDC a raté deux accords importants, notamment sur la facilitation des échanges et les subventions à la brèche.
Parmi les défis à relever, Julien Paluku a cité notamment :
- Les impôts et taxes pèsent lourdement en RDC, ce qui impacte négativement le climat des affaires. Le président a instruit la révision de la loi sur les nomenclatures des taxes et impôts du pouvoir central et provincial.
- Les infrastructures. On peut produire, mais comment évacuer les produits vers les grands centres de consommation et l’extérieur ?
- La sécurité. Un défi majeur, surtout dans la partie Est du pays.
Quid de l’accord RDC – USA ?
Ce qu’il faut retenir de ce deal :
- Le développement des produits concernés concerne la RDC.
- Il n’est pas question de brader nos mines.
- On parle d’intégration économique avec les pays limitrophes (COMESA, CEAC, SADC); les principes et lignes rouges ont été clairement identifiés.
- La condition sine qua non à intégrer est la paix.
Pour le ministre Paluku, 500 milliards USD, c’est encore trop peu pour la RDC. Lorsque nous évaluons la richesse totale de nos ressources minières, cela s’élève à environ 24 000 milliards USD.
Dostin Eugène LUANGE