Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) jeudi 29 mai, à une écrasante majorité. Il devient ainsi le 9e président de l’institution panafricaine pour un mandat de cinq ans.
Après trois tours de scrutin, Sidi Ould Tah a remporté 76,18 % des voix, devançant le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %). Le Tchadien Mahamat Abbas Tolli a été le premier éliminé, ne récoltant que 0,88 % des suffrages, suivi de la Sud-Africaine Swazi Tshabalala (5,9 %).
Entré en campagne en dernier, Sidi Ould Taha a su tirer parti des réseaux diplomatiques de la Mauritanie, notamment grâce à la présidence de l’Union africaine par Mohammed Ould Ghazouani en 2024. Il a également bénéficié du soutien de l’Arabie saoudite, mobilisant des voix au sein des pays de la Ligue arabe.
Son expérience à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) a renforcé sa candidature. Il a fait valoir avoir multiplié par douze le volume annuel des approbations et par huit le volume des décaissements, tout en réduisant les créances douteuses à moins de 0,5 %.
Sidi Ould Tah a également mis en avant son expérience en tant que ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, lui conférant une vision globale des enjeux de développement.
Bien qu’il prenne officiellement ses fonctions le 1er septembre, son équipe doit dès à présent intégrer la Banque pour amorcer la transition. Akinwumi Adesina, après une décennie à la tête de l’institution, laisse derrière lui une entité financièrement solide, ayant dégagé un résultat net de 310 millions d’euros l’an passé.
En 2024, les approbations de la BAD ont atteint un record d’environ 10,6 milliards d’euros, tandis que les décaissements ont progressé de 15 % pour atteindre 6,4 milliards d’euros. Néanmoins, Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), souligne que la BAD doit optimiser son bilan et augmenter son capital pour rivaliser avec la Banque interaméricaine de développement.
Sous la présidence d’Akinwumi Adesina, la BAD a connu la plus importante augmentation de capital de son histoire, passant de 93 milliards de dollars en 2015 à 318 milliards de dollars aujourd’hui.
Sidi Ould Tah hérite également d’une stratégie décennale (2024-2033) approuvée l’année dernière, axée sur les « High 5 » d’Adesina : nourrir, éclairer, intégrer, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains. Toutefois, il est probable qu’il réoriente cette stratégie selon ses priorités, en insistant sur des initiatives comme la Mission 300 ou Desert to Power, visant à électrifier le continent.
Dostin Eugène LUANGE