Structurer le capital-investissement en Afrique francophone : que permet réellement le droit OHADA ? Ce thème était au cœur d’une masterclass animée jeudi 29 mai par Lionel Kabeya, spécialiste en droit des affaires, des startups et des MPME.
Pour structurer le capital-investissement en Afrique francophone dans le cadre du droit OHADA, cet expert a invité les startups à opter pour la Société par Actions Simplifiée (SAS).
“L’Afrique francophone regorge de talents, de projets à fort potentiel et d’investisseurs de plus en plus attentifs à l’écosystème tech régional. Mais une question demeure souvent mal comprise : le droit OHADA est-il réellement prêt pour accueillir des opérations de capital-investissement ambitieuses ? L’introduction de la Société par Actions Simplifiée (SAS) offre désormais une flexibilité équivalente, voire supérieure, à celle observée dans les juridictions anglo-saxonnes”, a déclaré Lionel Kabeya, consultant en affaires.
De son avis, dans une Société par Actions Simplifiée, les associés peuvent librement organiser la gouvernance, les droits de vote, la cession des actions et introduire des actions de préférence.
“Le droit OHADA n’est pas un frein, mais un outil stratégique pour structurer les levées de fonds. Il existe des solutions équivalentes aux outils anglo-saxons (SAFE, actions préférentielles, BSA, etc.). La Société par Actions Simplifiée est aujourd’hui la meilleure forme juridique pour une startup tech ou une scale-up dans l’espace OHADA. La collaboration entre fonds locaux, juristes d’affaires et écosystèmes d’innovation est la clé pour faire monter en puissance le capital-investissement en Afrique francophone”, a-t-il ajouté.
Dans la même veine, Lionel Kabeya a expliqué que les marchés comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin ou le Cameroun offrent un terreau favorable, avec une dynamique réglementaire en soutien. En parallèle, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA (BRVM) a ouvert un compartiment pour PME et startups, facilitant des exits à moyen terme.
Selon le rapport AVCA Francophone 2024, les fonds de capital-investissement dans la région sont en pleine croissance. Des opérations significatives ont été enregistrées ces trois dernières années : Djamo (Côte d’Ivoire) a levé plus de 14 millions USD en seed et Série A, Julaya a mobilisé plus de 7 millions USD avec l’entrée de fonds régionaux et internationaux, Afrikamart (Sénégal) ou Anka (Côte d’Ivoire) ont structuré des levées multi-pays avec des véhicules OHADA.
Dostin Eugène LUANGE