À moins de deux semaines de la clôture de la session parlementaire de mars, l’Assemblée nationale a jugé recevable, lundi 2 juin, le projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2025. Ce texte, défendu à la tribune par le ministre du Budget Aimé Boji Sangara, assisté de la vice-ministre des Finances O’neige Nsele, ouvre la voie à une révision partielle de la loi de finances initiale.
Conformément à l’article 26 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques, une modification du budget en cours d’exercice ne peut intervenir que par voie législative. C’est dans ce cadre que le gouvernement a sollicité l’approbation du Parlement sur un budget désormais qualifié de « budget de guerre », dans un contexte national marqué par une résurgence de l’insécurité à l’Est du pays.
En appelant les députés à un examen rigoureux du texte, le président de la Chambre basse, Vital Kamerhe, a souligné l’enjeu de responsabilité qui incombe à la représentation nationale dans la conjoncture actuelle. Le projet, renvoyé en commission économique, financière et de contrôle budgétaire, pourra faire l’objet d’amendements, dans le respect de l’article 46 du règlement intérieur, notamment en raison de la sensibilité de certaines dispositions liées à la défense nationale.
Un ajustement à la baisse
Adopté lors du Conseil des ministres du 30 mai, le collectif budgétaire 2025 prévoit un montant global de 50 691,8 milliards de francs congolais (environ 17,2 milliards de dollars), soit une baisse de 1,7 % par rapport au budget initial voté à 51 553,5 milliards de FC. L’équilibre entre recettes et dépenses est maintenu, mais les projections économiques sous-jacentes ont été revues à la lumière des nouveaux indicateurs.
Le gouvernement table désormais sur une croissance du PIB de 5,3 %, une inflation moyenne estimée à 8,8 %, et un taux de change de 2 859,2 francs congolais pour un dollar. La pression fiscale, quant à elle, est en net recul, passant de 15,1 % à 12,5 %, conséquence directe du fléchissement des recettes courantes, qui, malgré une réalisation satisfaisante de 101,9 % à fin décembre 2024, n’ont pas permis de résorber le déficit budgétaire de 182 milliards de FC enregistré sur la même période.
Ce collectif budgétaire devrait permettre au gouvernement de réaligner ses priorités, notamment en matière de sécurité, tout en maintenant un cap prudent sur le plan macroéconomique. Reste à savoir si le Parlement, en commission, accompagnera ou amendera en profondeur les choix opérés par l’exécutif.
Dostin Eugène LUANGE