Lors de la 46e réunion du Conseil des ministres tenue vendredi dernier, le ministre des Hydrocarbures, Molendo Sakombi a annoncé une série de mesures destinées à assainir les opérations maritimes liées aux hydrocarbures et à moderniser les infrastructures stratégiques.
Parmi les annonces phares figure l’interdiction immédiate d’affréter ou de laisser accéder aux eaux territoriales tout navire pétrolier inscrit sur une liste noire internationale. Cette mesure conservatoire ne pourra être levée qu’après présentation, par l’opérateur concerné, de preuves de conformité.
Selon le ministre des hydrocarbures, l’objectif poursuivi est de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, renforcer la surveillance maritime, et imposer le respect des normes internationales – tant en matière de couverture d’assurance que d’identification des armateurs. Le ministère entend également protéger l’environnement en écartant les pétroliers vétustes, susceptibles de provoquer des marées noires ou des pollutions aux conséquences dramatiques pour la biodiversité et les économies locales.
A en croire Molendo Sakombi, cette mesure vise à encadrer rigoureusement les exportations pétrolières dans un contexte d’attente des conclusions de l’audit global en cours sur le secteur. « Il ne s’agit pas de bloquer les activités légitimes, mais de les soumettre à une plus grande exigence de transparence », a-t-il martelé.
Muanda en ligne de mire
Autre dossier stratégique : la refonte du terminal pétrolier de Muanda et le remplacement du vieillissant FSO Kalamu (Floating Storage and Offloading). Le gouvernement veut, à travers ce chantier, aligner la RDC sur les standards des grands producteurs africains tels que le Nigeria, l’Angola ou encore le Congo-Brazzaville.
La modernisation vise notamment à améliorer le contrôle des volumes de brut exportés, à renforcer l’expertise nationale via la formation de cadres congolais – avec une implication accrue de SONAHYDROC – et à assurer la conformité aux normes de sécurité et environnementales.
Côté financement, Kinshasa envisage un modèle d’actionnariat public-privé. Le montage étudié inclurait les producteurs du bassin côtier, SONAHYDROC SA et un partenaire capable de fournir un FSO moderne. Le ministère sollicite donc l’approbation du gouvernement pour lancer les études préalables – techniques, juridiques et financières – à ce partenariat.
Ce projet est perçu comme un levier stratégique pour la souveraineté énergétique, la transparence sectorielle et la transformation industrielle du pays, en droite ligne avec la vision du président Félix Tshisekedi pour une gestion plus responsable des ressources naturelles.
Dostin Eugène LUANGE