Comment électrifier un pays et construire une souveraineté énergétique durable, tout en naviguant dans les eaux troubles du sous-financement, des dettes abyssales et d’une démographie explosive ? Telle est la trame sur laquelle s’est déroulée la réflexion du Directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), Fabrice Lusinde, à l’ouverture de la 2e édition de la Semaine de l’énergie, qui se tient du 24 au 26 juin à Kinshasa.
Pour répondre à cette question, Fabrice Lusinde a plaidé pour la simplification de la fiscalité énergétique, jugée oppressante. Dans son keynote, il a appelé le régulateur et le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Énergie à se pencher sur cette problématique afin de promouvoir le secteur.
« C’est important qu’on place aussi l’énergie au centre des débats publics autour des décideurs politiques, etc. J’ai exprimé à la Directrice générale de l’ARE plusieurs enjeux et défis auxquels fait face la SNEL aujourd’hui. Parmi ces enjeux, il y a la fiscalité énergétique, qui devrait être une instrumentation simplifiée permettant de soutenir l’investissement — pas seulement celui de la SNEL, mais celui de tout opérateur. Donc ce n’est pas spécifique à la SNEL. Dans d’autres pays, on voit que la fiscalité de l’énergie est simplifiée, et donc elle permet aux opérateurs, surtout dans un pays comme le nôtre, de promouvoir le secteur », a-t-il déclaré.

Bien que la SNEL ait versé 100,3 millions USD au Trésor public en 2024, contre 70,8 millions USD en 2023, le Directeur général a révélé que l’État congolais lui doit 278 millions USD ; les entreprises publiques, 70 millions USD ; et les entités provinciales, 60 millions USD.
“Nous comprenons que l’État traverse une période difficile, marquée par l’effort de guerre et des priorités budgétaires fortes. Mais si les paiements réguliers ne sont pas possibles, il faut envisager des mécanismes alternatifs de compensation. Cela passe notamment par l’installation de compteurs prépayés, notamment dans les bâtiments publics. Avec ce système, l’État pourrait mieux planifier ses dépenses, car les budgets existent », a proposé le directeur général.
Avec une dette globale de 3 milliards de dollars, la SNEL est aujourd’hui le deuxième plus grand débiteur du pays, après l’État. De plus, sur les 2 200 MW contractés pour livraison, la société n’arrive à en fournir que 1 100 MW, révélant un déséquilibre criant entre ses engagements commerciaux et sa capacité réelle.
Dostin Eugène LUANGE