Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a exhorté l’Afrique à prendre son destin en main alors que le monde est confronté à des chocs mondiaux, à des perturbations commerciales induites par les droits de douane, aux impacts climatiques et aux tensions géopolitiques.
M. Adesina, orateur principal de la 28e Conférence annuelle sur l’analyse économique mondiale à Kigali, au Rwanda, a déclaré : « L’Afrique doit tracer son avenir, en comptant non pas sur la bienveillance des autres, mais sur sa propre détermination. »
La conférence internationale, tenue du 25 au 27 juin, a réuni des économistes de renom pour débattre des défis économiques mondiaux. Elle était coorganisée par la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies et le Projet d’analyse économique mondiale (Global Economic Analysis Project) de l’université de Purdue. S’exprimant lors de cette conférence de haut niveau qui réunissait les plus grands penseurs et chercheurs de l’économie au monde, M. Adesina a souligné que « l’ère de l’aide ou de l’argent gratuit est révolue. Les pays africains doivent désormais apprendre à se développer grâce à la discipline des investissements. »
Il a qualifié la conférence d’opportune pour approfondir le partage des connaissances, alors que l’Afrique est confrontée à des défis de développement qui se chevauchent.
M. Adesina a en outre noté que les récents droits de douane introduits par les États-Unis auront des conséquences négatives sur les économies du continent en accroissant l’inflation, en affaiblissant les monnaies locales et en réduisant les recettes d’exportation, tout en restreignant la marge des nations déjà aux prises avec la diminution des flux d’aide.
Pour que l’Afrique progresse économiquement à grande échelle et rapidement, le président de la Banque a appelé à une réorientation radicale vers la valorisation de ses matières premières. « L’exportation de matières premières est la porte ouverte vers la pauvreté. L’exportation de produits à valeur ajoutée est l’autoroute vers la richesse », a-t-il déclaré.
« L’ère de l’aide ou de l’argent gratuit est révolue ; les pays africains doivent désormais apprendre à se développer grâce à la discipline des investissements », a souligné M. Adesina.
M. Adesina a réitéré la nécessité de promouvoir des politiques robustes axées sur les populations qui accélèrent le commerce régional en Afrique. Selon lui, malgré une population de 1,4 milliard d’habitants, la part de l’Afrique dans le commerce mondial reste bloquée à 2,5 % seulement. Il a appelé à la mise en œuvre pleine et entière de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont le marché combiné de 3 400 milliards de dollars pourrait stimuler le commerce intracontinental de 50 %, sortir 50 millions d’Africains de la pauvreté et créer 14 millions d’emplois.
M. Adesina a salué la création d’une Agence africaine du risque de crédit, qu’il a défendue tout au long de sa présidence. Cette agence est conçue pour contrebalancer les inexactitudes et les biais persistants des principales agences de notation internationales, qui entraînent souvent des coûts d’emprunt plus élevés pour les pays africains.
Citant un rapport de Moody’s Analytics, M. Adesina a déclaré que l’Afrique présente le risque de défaut le plus faible en matière d’investissements dans les infrastructures, à 1,9 %, tandis que les risques de défaut dans les régions plus développées atteignent jusqu’à 12 %.
Le directeur de l’Intégration régionale et du commerce de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, Stephen Karingi, a encouragé le renforcement de collaborations et de partenariats transfrontaliers. « Alors que nous explorons les dynamiques mondiales du commerce, du climat et du développement, rappelons-nous le pouvoir de la collaboration entre les data scientists, les économistes et les décideurs politiques », a-t-il déclaré.