Reçu par le président de la République Félix Tshisekedi, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito s’est déclaré prêt à intégrer un gouvernement d’union nationale, si celui-ci venait à être formé dans les prochains mois. C’est dans l’enceinte feutrée de la Cité de l’Union africaine que l’opposant a eu un tête-à-tête avec le président de la République, le mercredi 2 juillet 2025.
Il s’agit d’une rencontre politique qui s’inscrit dans la continuité des consultations lancées par le chef de l’État pour élargir sa base en vue de la formation d’un gouvernement de large consensus.
« J’ai donné ma position pour dire que j’étais disposé à participer à la formation du gouvernement. Pour moi, il est important que mes idées soient prises en compte dans la mesure du possible », a confié le président du parti Nouvel Élan, à l’issue de l’audience.
Adolphe Muzito, qui s’était montré critique par le passé à l’égard du pouvoir en place, ne ferme désormais plus la porte à une collaboration. Il a plaidé pour l’ouverture d’un dialogue politique dans les meilleurs délais, appelant Félix Tshisekedi à engager sans tarder de « réformes importantes qui permettent de faire avancer le pays ».
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de reconfiguration du paysage politique congolais, où les lignes entre majorité et opposition deviennent de plus en plus perméables, à mesure que l’exécutif cherche à rassembler au-delà de ses rangs traditionnels.
Entre diplomatie et réalisme politique
Au-delà de l’agenda national, l’ancien chef du gouvernement a tenu à saluer les performances du président Tshisekedi sur la scène internationale. À rebours de certaines critiques sur la diplomatie du président, Muzito reconnaît aujourd’hui l’impact de son activisme à l’étranger.
« On le critiquait parce qu’il voyageait beaucoup à l’étranger. Aujourd’hui, les résultats sont là », a-t-il déclaré, citant notamment l’accord de paix RDC-Rwanda signé à Washington, le 27 juin dernier, sous l’égide des États-Unis.
À ses yeux, cet accord constitue une avancée majeure dans la reconnaissance internationale du rôle déstabilisateur de Kigali à l’est du Congo. « Il a réussi à faire connaître à la communauté internationale que le Rwanda est le pays agresseur de la RDC à travers ses rébellions », a insisté Muzito, qualifiant l’accord de preuve « irréfutable » du succès diplomatique de Kinshasa.
Sur le front économique, le président de Nouvel Élan a salué le leadership du chef de l’État dans les négociations d’un futur contrat entre la RDC et les États-Unis. Selon lui, ce partenariat constitue un tournant stratégique pour une exploitation plus souveraine des ressources congolaises.
« Ce qui, hier, était pillé par le Rwanda comme simple sous-traitant, désormais le Congo va l’exploiter avec tous les pays du monde, et principalement les USA », a-t-il affirmé, tout en soulignant que cet accord mérite d’être expliqué à l’opinion pour dissiper les craintes et les incompréhensions qu’il suscite.
En répondant favorablement à l’appel du président Tshisekedi lancé en avril dernier, Muzito s’ajoute à la liste — encore courte mais symbolique — des figures de l’opposition qui semblent prêtes à participer à une nouvelle architecture politique.
Après la rencontre, il y a un mois, entre le chef de l’État et Martin Fayulu, longtemps considéré comme son adversaire le plus irréductible, l’échange avec Adolphe Muzito confirme un tournant politique : celui d’une ouverture vers une recomposition nationale, à l’heure où le pays célèbre le 65ᵉ anniversaire de son indépendance.
Dans son discours à la nation, Félix Tshisekedi a lui-même présenté ces gestes d’ouverture comme les prémices d’une nouvelle ère politique. « Elle marque une étape importante vers une politique nationale de réconciliation, d’écoute mutuelle et de respect réciproque », a-t-il déclaré, appelant la classe politique à faire preuve de maturité et à s’unir dans les moments les plus critiques.
Prince OKENDE