L’observatoire de la dépense publique (ODEP) propose au gouvernement congolais de passer d’un budget de gestion à un budget de transformation. Dans son étude publiée mercredi 9 juillet, cette structure – dirigée par le professeur Florimond Muteba-, peint un tableau peu reluisant de la gestion du budget 2024 en République démocratique du Congo.
Nonobstant l’accroissement du budget en 2024, chiffré à hauteur de 37 366 milliards CDF (environ 14,7 milliards USD), elle indique que l’exécution budgétaire reste dominée par les dépenses de fonctionnement au détriment des investissements et des secteurs sociaux pourtant essentiels.
Pour étayer son argumentaire, l’ODEP démontre que, sur l’ensemble du budget, près de 48 % ont été consacrés aux dépenses courantes (salaires, fonctionnement des institutions), contre seulement 24 % aux investissements publics. Pis, moins de 15 % de ces investissements ont réellement été exécutés, soit à peine 3,6 % du budget total. Les services généraux de l’administration publique concentrent ainsi plus de 71 % des dépenses exécutées, alors que les secteurs comme l’éducation, la santé et la protection sociale ne dépassent pas 18 %.
« L’analyse de l’exécution du budget 2024 met en lumière une gestion publique largement déconnectée des priorités sociales et territoriales fixées par la Constitution. Malgré une mobilisation correcte des recettes par les régies financières, les dépenses ont été orientées prioritairement vers le fonctionnement de l’appareil d’État, au détriment des droits fondamentaux de la population et des impératifs de développement équitable. Les secteurs sociaux tels que l’éducation, la santé ou la protection sociale demeurent sous-financés, et la faible exécution des investissements publics ne permet pas de concrétiser les ambitions du Programme de Développement Local (PDL-145) », indique-t-il.
Pour le professeur Florimond Muteba, le budget doit cesser d’être un outil de survie institutionnelle et devenir l’instrument central du contrat social entre l’État et les citoyens. Il plaide également pour le renforcement du contrôle, de la discipline et de la redevabilité, dans l’objectif de mettre fin à l’impunité budgétaire et de restaurer la confiance.
En sus de cela, il plaide pour l’application stricte des sanctions administratives et judiciaires. De son avis, tout ordonnateur ou gestionnaire reconnu coupable de non-respect des règles de passation, de détournement ou de surliquidation doit être suspendu, poursuivi et remplacé.
Dostin Eugène LUANGE