L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) que dirige le Professeur Florimond Muteba Tshitenge dénonce une sous-allocation structurelle des ressources et des écarts notables entre les priorités affichées par le gouvernement congolais dans la loi de finances 2024 et les dépenses effectivement exécutées dans les secteurs sociaux de base.
Dans une étude publiée mercredi 9 juillet 2025, cette organisation de la société civile, spécialisée dans le contrôle des finances publiques note que l’éducation, la santé et la protection sociale continuent d’être reléguées au second plan en matière d’engagement budgétaire et de paiements, en dépit de leur importance constitutionnelle.
« Les fonctions sociales fondamentales ne sont pas traitées comme prioritaires dans l’exécution budgétaire 2024, nonobstant leur centralité dans les discours politiques. Le contraste entre les faibles montants engagés et les objectifs affichés met en évidence un manque de cohérence stratégique », lit-on dans l’étude.
L’ONG fait état d’un budget dominé par les dépenses de fonctionnement, au détriment de l’investissement, avec une exécution jugée faible dans les secteurs-clés. Elle relève notamment que la masse salariale des enseignants absorbe la majeure partie des crédits alloués à l’enseignement, réduisant ainsi les marges pour les infrastructures ou le matériel pédagogique.
Le financement des cantines et du transport scolaire reste « quasi symbolique », nonobstant leur rôle important contre l’abandon scolaire, en particulier en milieu rural. La recherche éducative bénéficie de 851 milliards de francs congolais, un montant jugé « relativement correct » mais concentré dans les centres urbains, sans véritable stratégie d’innovation à l’échelle nationale.
Face à ces déséquilibres, l’ODEP recommande une kyrielle de réformes urgentes pour renforcer la crédibilité de la dépense publique. Elle appelle notamment à la modernisation des outils de gestion budgétaire, à l’amélioration de la traçabilité des fonds, et à la mise en place d’un système numérique intégré de suivi des dépenses publiques.
Dostin Eugène LUANGE