La participation « illusoire » de l’État congolais dans les entreprises d’économie mixte n’enchante guère le Chef de l’État, Félix Tshisekedi. Lors de la 51ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue vendredi dernier, le président de la République s’est longuement penché sur cette problématique, en s’appuyant sur les résolutions issues des récents États généraux du Portefeuille organisés à Kinshasa.
En clair, il a mis en relief la nécessité de réévaluer, avec rigueur et lucidité, la portée réelle de cette participation étatique.
« Il apparaît clairement que, dans bon nombre de ces entreprises, la présence de l’État est largement symbolique, voire purement nominale. Cette situation préoccupante traduit une marginalisation progressive des intérêts publics et des mandataires de l’État dans la gouvernance économique nationale. Elle constitue un manque à gagner considérable pour le Trésor public et une entrave manifeste aux objectifs de souveraineté économique, de justice fiscale et de développement inclusif que s’est fixé le Gouvernement », a déclaré le Président de la République, selon le compte rendu du ministre de la Communication, Patrick Muyaya.
Pour le président Tshisekedi, il est impératif de rompre avec cette logique d’effacement institutionnel.
« La participation de l’État doit devenir un véritable levier stratégique, pleinement assumé, activement exercé et résolument orienté vers la création de valeur, la bonne gouvernance et la transparence. Elle ne saurait demeurer passive ou décorative », a-t-il martelé.
Dans cette perspective, le ministre du Portefeuille a été chargé de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de revitaliser et valoriser l’actionnariat public dans les entreprises d’économie mixte.
À cet effet, plusieurs actions prioritaires devront être engagées sans délai :
•Recenser, cartographier et tenir à jour un registre exhaustif de toutes les entreprises d’économie mixte dans lesquelles l’État congolais détient une participation, même minoritaire, avec une actualisation régulière des données relatives à l’actionnariat, aux organes de gestion et aux performances économiques ;
•Assurer une représentation effective et une participation active des délégués de l’État dans toutes les instances de gouvernance, notamment lors de l’élaboration des orientations stratégiques, des prises de décision, du contrôle budgétaire et de l’évaluation des performances ;
•Faire respecter strictement les droits patrimoniaux et institutionnels de l’État, à travers l’accès aux états financiers certifiés, la tenue régulière des conseils d’administration, la publication des rapports de gestion, ainsi que la mise en œuvre effective des recommandations issues des audits et contrôles ;
•Veiller à la perception rigoureuse, transparente et régulière des dividendes dus à l’État, grâce à la mise en place d’un mécanisme robuste, automatisé et traçable, garantissant leur reversement intégral au Trésor public dans les délais requis.
« Il s’agira, a insisté le Président de la République, de restaurer l’autorité économique de l’État, de renforcer sa capacité à mobiliser des ressources internes pour financer les priorités nationales, stimuler l’investissement public et impulser une croissance inclusive et durable. »
Un rapport détaillé sur l’état des lieux, les manquements constatés, les mesures correctives engagées ainsi que les premières retombées concrètes est attendu dans un délai de 60 jours.
Dostin Eugène LUANGE