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Les Etats Unis injectent 150 millions USD pour renforcer leur influence sur l’offre africaine des Métaux critiques

De la Tanzanie en RDC, les Etats-Unis structurent progressivement leur offensive sur les métaux critiques africains. Au-delà de la course entre puissances pour l’accès au cobalt, nickel, cuivre et lithium, Washington est aussi en duel à distance avec la Chine, acteur dominant sur le continent.

L’agence américaine de crédit à l’exportation EXIM Bank a transmis une lettre d’intention non contraignante en vue d’apporter un financement de 150 millions de dollars au profit de NexMetals Mining. L’annonce faite, jeudi 17 juillet, par le propriétaire de deux mines de nickel au Botswana confirme l’intérêt des Etats-Unis pour le nickel africain, après une proposition similaire pour un projet de nickel-cuivre-cobalt tanzanien l’année dernière.

De Kabanga à Selebi

En décembre 2024, l’Agence américaine de financement pour le développement (DFC) a signé un document avec Kabanga Nickel (filiale de Lifezone Metals) pour une due diligence en vue d’une « assurance risque politique » couvrant la mine de nickel de Kabanga et la raffinerie associée. Une lettre d’intention non contraignante prévoit également l’examen d’un prêt potentiel de la DFC pour le projet.

Une étude préliminaire publiée en juin 2025 et basée sur des ressources minérales indiquées et inférées révèle que la mine pourra être exploitée sur 22 ans. Le concentré obtenu devrait être transformé dans la raffinerie censée livrer annuellement 50 000 tonnes de sulfates de nickel de qualité batterie. La production annuelle de 7000 tonnes de cathodes de cuivre et de 4000 tonnes de sulfates de cobalt est par ailleurs attendue. Lors d’une visite en Tanzanie en 2023, la vice-présidente américaine de l’époque Kamala Harris a indiqué que le nickel de Kabanga était destiné au marché américain.

Au Botswana, l’intérêt américain se concentre sur les anciennes mines de nickel Selebi et Selkirk de NexMetals (anciennement Premium Resources). Elles totalisent environ 368 000 tonnes de nickel dans les ressources indiquées et inférées, en plus de ressources significatives de cobalt, cuivre et métaux du groupe du platine. En accompagnant ces projets, Washington entend sécuriser l’accès à la future production des mines, dans un contexte de course aux minéraux critiques africains.

« Compte tenu de la qualité et de la taille de nos ressources ainsi que du rythme actuel de nos activités, nous prévoyons que notre trajectoire de croissance rapide s’alignera sur notre objectif commun qui consiste à fournir de nouvelles sources durables de métaux critiques aux États-Unis et à leurs alliés, contribuant ainsi à l’avenir de la chaîne d’approvisionnement mondiale en métaux critiques », souligne Morgan Lekstrom, PDG de NexMetals.

Barrer la route à la Chine ?

Si les Etats-Unis dépendent à 48 % des importations de nickel, cet approvisionnement est assuré à hauteur de 68 % par des pays alliés de Washington, indique un rapport de l’Ecole de guerre économique basée à Paris. Cependant, le cabinet S&P Global estime que 90 % de l’approvisionnement mondial en nickel ne sera pas couvert par les différents accords de libre-échange signés par Washington d’ici 2035. Dans le même temps, la demande américaine pourrait augmenter de 14 % dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur la réduction de l’inflation adoptée en 2022.

Les risques sont encore plus importants pour d’autres métaux : la production mondiale de cuivre est majoritairement concentrée au Chili, en RDC et au Pérou, alors que le cobalt provient à environ 70 % des mines congolaises. Surtout, les investissements dans les minéraux critiques en Afrique sont dominés actuellement par la Chine, rival des Etats-Unis. Pékin détiendrait des intérêts dans 80 % des mines en RDC, selon un officiel congolais, et plus de 90 % de l’offre africaine de lithium attendue au cours de la décennie provient de compagnies entièrement ou partiellement contrôlées par la Chine, prévoit Benchmark Mineral Intelligence.

Pour autant, l’appui promis par EXIM Bank et la DFC pour les projets botswanais et tanzanien doit encore se traduire en engagements concrets. Jusqu’ici, il ne s’agit que de manifestations d’intérêt, comme le souligne notamment M. Lekstrom, qui attend un « engagement final pour une transaction potentielle » avec EXIM Bank. D’autres négociations sont aussi en cours en RDC, dans le cadre d’un accord « minerais contre sécurité » initialement proposé à Washington par un sénateur congolais. Les États-Unis examinent ces différents dossiers dans un contexte de concurrence croissante, marquée par l’engagement accru de la Chine ainsi que l’émergence d’acteurs du Golfe (Émirats arabes unis, Arabie saoudite) et d’Asie (Corée du Sud, Inde, etc.) sur le continent africain.

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