« Dollars ekita », telle est la rengaine qui était en vogue pendant la campagne électorale du président Félix Tshisekedi en 2023. Au premier degré, elle interpellait les dirigeants du pays sur la dégringolade proverbiale du franc congolais face à la devise américaine. Au second degré, « Dollar ekita » relevait à la fois de la métaphore et de la litote. Ce cri de détresse n’est pas passé inaperçu aux oreilles du chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui s’est engagé à améliorer le pouvoir d’achat de la population.
Avec l’avènement du gouvernement Suminwa II, le franc congolais s’est raffermi sur le marché des changes au début du mois d’octobre 2025. Ce raffermissement a influé sur les prix des biens de grande consommation dans la ville-province de Kinshasa. C’est le constat tiré d’un reportage réalisé ce jeudi par la rédaction de DosEco.cd, notamment aux marchés Mbudi et Pompage, situés dans la commune de Mont-Ngafula.
Dans cette partie de la capitale, les gros distributeurs, responsables de grandes boutiques et consommateurs interrogés ont indiqué que la baisse observée découle du nouveau taux de change, où 1 USD se négocie actuellement à 2 275 CDF contre 2 800 CDF auparavant. De leurs avis, cette évolution explique la baisse des prix du lait, du riz, du sel, de la semoule, de l’huile et de nombreux autres produits de première nécessité.
À « FAB.N », un grand magasin de Mbudi, un sac de 25 kg de semoule se négocie entre 39 600 et 58 100 CDF, selon la marque. Un sac de « Extra », par exemple, est vendu 39 600 CDF contre 47 000 CDF auparavant, tandis que celui de « Amigo » est fixé à 58 100 CDF, et 51 200 CDF pour « Extra Plus » contre 58 500 CDF avant.
« Cette différence de prix n’est pas vraiment un problème. Chaque marque a son prix selon le fournisseur. Mais je peux vous rassurer que tous les prix que vous voyez ici ont connu une baisse. Le dollar a baissé, c’est donc tout à fait logique que les prix des articles baissent également », a déclaré M. Bertin Kisolokelo, agent de cette structure.
Concernant le riz, cet aliment de base pour de nombreux Kinois a aussi suivi la tendance. Un sac de 25 kg de la marque « BB », qui se vendait à 61 900 CDF, revient aujourd’hui à 49 450 CDF. Le sac de riz « Lion » est désormais à 48 700 CDF contre 74 000 CDF auparavant. Une baisse confirmée par le tableau indicatif du ministère de l’Économie, qui indique une diminution allant de –20 % à –32 %.
« Nous sommes contents que les prix baissent ainsi. C’est ce que nous voulions depuis longtemps. Au début, je pensais que la baisse du dollar n’était qu’une vague passagère, mais je suis heureuse de constater que cela a eu un effet positif sur les produits que nous consommons chaque jour. Cette politique de nos autorités répond à nos besoins. Il n’y a pas longtemps, 10 $ ne valaient plus rien. Mais maintenant, on peut rentrer du marché avec quelque chose de bien », a confié Brigitte, une habitante du quartier.
Une autre boutique visitée, située à Pompage, a préféré garder l’anonymat. Là encore, une baisse des prix de produits tels que l’huile et le lait a été observée.
Jeff Matumweni, un consommateur rencontré sur place, n’a pas caché sa satisfaction : « Je suis marié, et je vous jure que c’était devenu dur pendant un moment. Aujourd’hui, je peux acheter une boîte de lait de 2 500 g pour les enfants à 56 200 CDF, contre 63 000 CDF auparavant. Un père de famille ne peut qu’applaudir cela. »
Le lait, comme d’autres produits, connaît de légères variations de prix selon les marques — entre 9 000 et 13 000 CDF de différence. Par exemple, la boîte « Bon Appétit » se vend à 57 200 CDF, « Cowbell » à 60 600 CDF, « Milgro » à 49 100 CDF, « Dano » à 51 500 CDF, et « Belle Hollandaise » à 76 000 CDF.
Cette tendance se vérifie également pour le sucre :
le sachet de 5 kg est désormais à 16 500 CDF contre 19 000 CDF auparavant. Le sac de sel de 20 kg coûte 19 500 CDF contre 21 000 CDF, tandis que le bidon d’huile de 5 litres de « Simba » se vend à 28 650 CDF, celui de « Regina » à 27 600 CDF, et celui de « Huile d’Afrique » à 28 650 CDF. Ces produits enregistrent une baisse de –25 % à –26 %.
Les responsables de cette boutique ont refusé de commenter, estimant que cela ne relevait pas de leur politique interne. Le savon et le beurre ne sont pas en reste. Les clients apprécient la baisse actuelle qui contribue à améliorer la vie quotidienne, tout en souhaitant des réductions plus marquées sur certains produits.
« J’avais l’habitude d’acheter le pot grand format de beurre Blue Band à 9 200 CDF, mais il est actuellement à 8 500 CDF. Le carton de savon Lecoq est aujourd’hui à 22 650 CDF et celui de Monganga à 33 800 CDF, presque les mêmes prix qu’avant.
Je pense qu’il faut encore réduire davantage.
Autrement, cette tendance risque de ne pas profiter à nous, le petit peuple. »
Les réactions des détaillants
Si les gros commerçants et consommateurs se réjouissent, les détaillants se montrent plus réservés. Ils saluent les efforts ayant conduit à cette baisse, mais demandent à l’État de réserver la vente au détail aux Congolais, afin qu’ils bénéficient pleinement des retombées de cette politique jugée bénéfique.
« C’est difficile de comprendre que les grossistes d’hier vendent désormais comme nous. J’achète un pot de beurre à 8 500 CDF pour le revendre à 9 000 CDF. Mais le client trouve cela trop cher et préfère aller acheter directement chez le grossiste. Dans ces conditions, l’État ne nous protège pas », a déploré Danny.
Pour Yvette, il est important que le gouvernement rappelle les grossistes à l’ordre : « Le taux fixé par la Banque centrale doit être appliqué sur le terrain. Nous vendons en franc congolais, mais les grossistes nous obligent à payer en dollars. Ce qui fait qu’un dollar s’achète parfois à 2 450, voire 2 500 CDF. »
Le gouvernement congolais a resserré sa politique économique par le biais du ministère de l’Économie, dans l’objectif de mieux répondre aux besoins sociaux de la population. Les efforts constatés sur le terrain traduisent une réelle volonté.
DosEco
