Intervenant au Sommet USA-Afrique ouvert lundi 23 juin à Luanda, le vice-premier ministre congolais en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, a vanté le projet du corridor de Lobito, qualifié de « levier stratégique pour la stabilité, le désenclavement et le développement partagé » entre la RDC, l’Angola et la Zambie
C’est au nom du président Félix Tshisekedi que Jean-Pierre Bemba a pris la parole devant les chefs d’État, hauts responsables et investisseurs réunis dans la capitale angolaise.
« Soutenu par des partenaires internationaux majeurs, comme les États-Unis via le Partenariat pour les infrastructures mondiales (PGII), ce projet va au-delà d’un simple axe logistique; il devient un levier stratégique pour la stabilité, le désenclavement et le développement partagé, particulièrement important dans un contexte régional marqué par des tensions sécuritaires persistantes et des tentatives de déstabilisation externes », a déclaré Jean-Pierre Bemba.
Principal orateur, le Président Félix Tshisekedi a délégué le vice-Premier ministre en charge des transports, voies de communication et désenclavement pour présenter le corridor de Lobito au panel consacré à ce projet d’intégration économique. De son avis, ce projet est considéré comme le fondement d’un partenariat stratégique et souverain entre l’Angola, la Zambie et la RDC.
« Le corridor de Lobito est un atout majeur pour la RDC, car il offre au pays un accès direct et vital à l’océan Atlantique via le port de Lobito en Angola, facilitant l’exportation de ses précieuses ressources. Ce corridor est particulièrement important pour les minerais tels que le cuivre et le cobalt, qui représentent respectivement environ 65 % et 15 % des revenus d’exportation de la RDC », a précisé Jean Pierre Bemba.
Une fenêtre sur l’Atlantique
Interrogé sur les raisons qui poussent la RDC à s’engager pleinement dans ce projet, le vice-premier ministre Bemba a rassuré que « le Corridor de Lobito représente une alternative logistique fiable et structurante ». Il cristallise les ambitions d’un ancrage régional renforcé à l’heure où les tensions géopolitiques et les tentatives de déstabilisation continuent de peser sur l’Afrique centrale.
« Il permet de réduire considérablement le temps de transit de nos minerais vers les ports de l’Atlantique, ce qui améliore directement la compétitivité de notre chaîne de valeur. Grâce à une liaison ferroviaire modernisée, nous assurons un accès plus rapide, plus stable et plus économique aux marchés européens et nord-américains », a-t-il renchéri.
Une ouverture importante, surtout pour les provinces riches en minerais. Cuivre et cobalt, les deux locomotives des exportations congolaises – représentant ensemble près de 80 % des recettes – trouveraient ainsi une voie de sortie plus rapide et plus compétitive.
Un sommet sous haute attente
Aux côtés de six chefs d’État africains et de représentants d’une centaine d’entreprises, le président angolais Joao Lourenço a ouvert les travaux en plaidant pour une nouvelle ère de coopération. « L’Afrique, avec ses terres rares, ses minerais stratégiques, et une population jeune, est un partenaire naturel pour les États-Unis », a-t-il souligné. Avant de poser ses conditions : un partenariat qui respecte les souverainetés africaines.
Dans un contexte de tensions croissantes entre l’Afrique et Washington, symbolisé par la suspension de l’Agoa pour certains pays et des restrictions de visas, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a interpellé les partenaires américains sur la cohérence de leur engagement.
Entretiens en marge du sommet
En marge du sommet, Félix Tshisekedi, arrivé la veille à Luanda, a eu un entretien bilatéral avec son homologue angolais. Le président congolais a également reçu plusieurs représentants du monde des affaires, multipliant les contacts en vue d’attirer de nouveaux investissements. L’audience prévue avec Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump, a toutefois été reportée en raison de son arrivée tardive à Luanda.
Prince OKENDE