« Bâtir une République Démocratique du Congo forte avec des institutions solides au sein d’une Afrique prospère et unie » : tel est l’intitulé du projet phare du président de la République, Félix Tshisekedi. Néanmoins, il y a loin de la coupe aux lèvres ; beaucoup de choses peuvent se passer, dit-on. C’est notamment le cas du projet présidentiel, qui suffoque à ce jour à cause de l’agression rwandaise.
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le Vice-premier ministre en charge du Budget, Adolphe Muzito, a affirmé ostensiblement qu’il faudra 20 à 30 ans pour que le Congo se dresse véritablement et prenne sa position dans le concert des nations.
« Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut, par la diplomatie, travailler avec tous les pays du monde pour faire en sorte que la guerre cesse. Parallèlement, nous devons continuer à travailler pour créer des emplois. Le défi est immense : il faudra 20 à 30 ans pour que le Congo se dresse véritablement et prenne sa position dans le concert des nations », a-t-il déclaré.
Concernant la révision constitutionnelle, Adolphe Muzito a réitéré sa détermination à voir ce projet se matérialiser. Fort de son expérience acquise à la Primature sous le premier mandat de Joseph Kabila, il rejette toute idée d’un exécutif bicéphale. Il s’oppose à un système politique où il y a un Président de la République et un Chef du Gouvernement.
« Oui, cela fait dix ans que je dis la même chose et que je mène ce combat hérité des pères fondateurs, Patrice Lumumba et Étienne Tshisekedi. Je ne suis pas le seul ; même certains opposants comme Moïse Katumbi sont favorables à un État fédéral. Je suis pour la fin du régionalisme constitutionnel. Je ne veux pas non plus du caractère bicéphale de l’exécutif, où il y a un président de la République et un chef de gouvernement. Je veux une seule tête à l’exécutif. Pour le mode de scrutin, je préfère que le chef de l’État soit élu de manière indirecte, comme en Afrique du Sud, où le parti qui emporte la majorité nomme le président de la République », a-t-il laissé entendre.
Adolphe Muzito se dit conscient de la « sensibilité » du changement de la Constitution dans le contexte actuel. C’est donc une position qu’il adopte, tout en ayant confiance au sens démocratique du Président de la République.
« Je ne pense pas que le Président Tshisekedi souhaite un glissement. J’ajoute qu’il est suffisamment fort ; il a remporté la dernière élection présidentielle avec plus de 70 % des suffrages, et il peut le refaire », renchérit-il.
La guerre, n’étant pas un programme du Gouvernement, qui pourrait durer bien au-delà de ce que l’on imagine, Muzito pense qu’elle pourrait involontairement entraîner un glissement du calendrier électoral. Ce justificatif repose, selon lui, sur le fait qu’un territoire congolais continue d’échapper à l’État congolais.
Guillaume MAVUDILA