L’Observatoire de la dépense publique (ODEP), une structure de la société civile qui œuvre dans le contrôle des finances publiques, appelle le gouvernement congolais et le Parlement à accorder une attention particulière à la gouvernance des investissements publics dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2026, soumis par l’exécutif au début du mois.
Dans un communiqué signé mardi par le président du conseil d’administration Florimond Muteba, cette organisation de la société estime que la place réservée aux dépenses d’investissement dans le budget national reste « résiduelle », alors qu’elles devraient constituer le moteur de la croissance et du développement.
L’ODEP déplore qu’au fil des exercices, la dépense publique demeure dominée par les charges de fonctionnement, tandis que les crédits alloués à l’investissement ne sont exécutés qu’à hauteur de moins de 5 % de leurs prévisions initiales. Cette tendance, selon l’organisation, traduit une crise structurelle de gouvernance budgétaire.
« Un budget sans investissements est une dépense sans avenir », a déclaré Florimond Muteba, tout en estimant que le budget de l’État s’est mué en simple mécanisme de gestion administrative, éloigné de sa vocation de transformation économique et sociale.
Ainsi, il plaide pour la réhabilitation du processus de planification, programmation, budgétisation et suivi-évaluation (PPBS), afin de rétablir la cohérence entre la planification stratégique et la gestion budgétaire. L’ODEP recommande notamment la réactivation du sous-compte investissement à la Banque centrale du Congo, qui permettait autrefois une meilleure traçabilité et centralisation des fonds publics.
Pour le Budget 2026, l’ODEP exhorte le gouvernement à adopter une approche orientée vers les investissements à fort impact socio-économique, en priorisant les infrastructures de base, l’éducation, la santé et le développement agricole. Ces choix, souligne-t-elle, devraient être guidés par des critères de rentabilité sociale et de réduction des inégalités territoriales.
« Tout franc investi dans l’éducation, la santé ou les infrastructures est un franc investi dans la stabilité et la paix sociale », rappelle l’organisation, qui insiste notamment sur la nécessité de replacer le budget national au cœur des politiques de développement.
Cette structure appelle le gouvernement et le parlement à renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion publique, notamment par la publication régulière des rapports d’exécution budgétaire et le suivi rigoureux des recommandations de la Cour des comptes et de l’Inspection générale des finances.
Prince OKENDE