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RDC: l’appréciation du Franc Congolais résonne-t-elle dans les paniers des Kinois ? (Enquête)

Sous un soleil implacable qui pèse sur les allées poussiéreuses du marché de la Liberté à Kinshasa, la rédaction de DosEco.Cd s’est immergée, jeudi 30 octobre 2025, dans ce bourdonnement quotidien pour enquêter sur l’évolution des prix des biens de première nécessité.

Dans un contexte où le franc congolais gagne du terrain face au dollar américain, une appréciation évidente qui allège la pression sur les importations, la question est simple : cette embellie monétaire se traduit-elle par un allègement des prix au niveau des étals ? Nos observations, menées auprès des établissements phares comme Socimex, Sokin et Ngoma, révèlent un tableau contrasté : les grossistes baissent leurs tarifs d’environ 20 %, tandis que les détaillants s’accrochent aux anciens prix, laissant les consommateurs dans l’attente d’un vrai soulagement.

Le taux de change, ce baromètre invisible qui dicte le quotidien des marchés congolais, a connu ces dernières semaines une trajectoire ascendante pour le franc. Contre un dollar qui recule, les importateurs et grossistes ajustent leurs marges.

« Nous suivons le taux de change afin d’indiquer nos prix. À mesure qu’il y a appréciation du franc congolais, nous baissons nos prix », explique avec le gérant principal de l’établissement Socimex, un pilier du marché.

Assis derrière un comptoir surchargé de sacs de riz et de semoule, il feuillette un cahier de comptes taché d’huile, les yeux plissés par le soleil couchant.

Réalité contraire pour les petits vendeurs

À quelques mètres, au cœur d’un autre établissement de vente de produits de primeurs au même marché, un gérant renchérit : « pour comprendre la baisse des biens en francs, il faudra observer le calcul au taux actuel ». Il insiste, le ton ferme, sur le fait que les détaillants, ces intermédiaires qui quadrillent les quartiers populaires de Kinshasa, maintiennent jalousement les anciens tarifs. « En gros, il y a effectivement une baisse considérable », ajoute-t-il à DosEco.cd, tout en désignant d’un geste ample les camions qui déchargent des palettes entières.

« Mais au détail, c’est une autre histoire. Les petits vendeurs attendent, ils disent que les stocks anciens justifient les prix. Nos relevés confirment cette fracture : une réduction moyenne de 20 % chez les grossistes, contre une stagnation chez les revendeurs de proximité, où l’appréciation du franc semble encore un mirage lointain ».

Les chiffres qui parlent : un panorama des tarifs actuels

Au fil des allées, nos pas nous mènent chez Sokin, où les sacs de riz parfumé trônent comme des sentinelles. Les prix y sont affichés en lettres grasses sur des ardoises improvisées : le riz parfumé à 82 800 FC le sac de 25 kg, la farine Midema à 78 200 FC, et la farine pour beignets à 44 850 FC. Le sucre roux, ce indispensable des foyers kinois, s’affiche à 121 900 FC pour 50 kg, tandis que l’huile Simba en bidon de 15 litres pour 65 550 FC ou 25 litres pour 99 130 FC brille sous les néons. Le sel, basique et vital, oscille entre 69 000 FC pour 50 kg et 18 400 FC pour 20 kg. Sans oublier le lait « Viat » à 223 100 FC le sac de 25 kg, le riz Sokin à 46 000 FC, ou le sucre blanc Morero à 115 000 FC. Ces chiffres, bien que stables en apparence, intègrent déjà les ajustements récents, selon le personnel.

À Socimex, l’ambiance est plus animée, avec des clients qui palpent les grains de riz comme pour en tester la qualité. Le sel Socimex se vend à 18 400 FC pour 20 kg, le riz « Warrior » à 46 000 FC le sac de 25 kg, et le riz Lion entre 49 450 FC et 73 000 FC selon les variétés. Le riz Haiba varie de 49 450 FC à 73 500 FC, le riz B’B à 50 600 FC, et la semoule Inter à 48 300 FC. L’huile d’Afrique, star des cuisines, est proposée à 70 725 FC pour 15 litres en seau, 105 800 FC pour 25 litres, et 84 525 FC pour 20 litres. Les laits en poudre ferment la liste : le sac de crème Valley à 236 900 FC pour 25 kg, le lait Bright entre 241 500 FC et 304 500 FC, et le lait Nimigol à 233 600 FC. « Le prix tombe au taux du jour », commente sobrement le gérant de Socimex, un sourire en coin, comme si ces baisses étaient une évidence mathématique.

Enfin, chez Ngoma, les allées sont plus calmes, mais les offres attirent les regards. Le riz Hariba à 48 300 FC pour 25 kg, le riz Lion à 47 200 FC pour 24 kg, ou le riz BD au même prix pour 25 kg. Le riz AAA descend à 43 700 FC, la semoule Instanta à 48 300 FC, le riz Crown à 46 500 FC, et la semoule Amiga à 55 200 FC. L’huile Simba de 5 litres a chuté à 25 300 FC, contre 28 000 FC auparavant, un exemple concret de cette réduction de 20 %. Le sucre Kwilungongo, en sac de 50 kg, passe de 140 000 FC à 128 000 FC. Pour les laits en boîte de 2 500 g, les tarifs sont plus accessibles : Milgro à 39 900 FC, Nido à 59 500 FC, Bonjour à 37 200 FC, et Africa Choice à 43 100 FC.

Ces baisses, palpables chez les grossistes, contrastent avec les marchés secondaires où les prix stagnent, forçant les familles à jongler entre économies et nécessités.

Vers un soulagement tangible pour les Kinois ?

En quittant le marché de la Liberté, alors que le crépuscule enveloppe Kinshasa d’une lumière orangée, une évidence s’impose : l’appréciation du franc congolais est une bonne nouvelle, mais son impact reste inégal. Les grossistes, ces géants des importations, absorbent le choc et répercutent les baisses jusqu’à 20 % sur des produits clés comme l’huile ou le sucre. Pourtant, pour le citoyen lambda, qui achète au détail dans les ruelles de Matonge ou Limete, le panier reste lourd. « C’est bien pour les gros, mais nous, on attend », soupire une vendeuse croisée en fin de journée, un sac de farine sur l’épaule.

Dans cette capitale de 17 millions d’âmes, où chaque franc compte, l’enquête de DosEco.cd appelle à une vigilance accrue : les autorités d’abord, mais également les acteurs du marché devront intervenir pour que cette appréciation monétaire réponde davantage aux besoins du petit peuple.

DosEco

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